jeudi 18 septembre 2014

Sin City 2 : J'ai Tué pour... Moins que Ca - Raging Bulles

La nuit est chaude et étouffante et c'est pas les éclairs et la pluie qui vont pouvoir y changer quelque chose... J'ai un gout amer dans la bouche que même un Pepsi Max arrive pas à faire passer. J'ai envie de parler de passion ce soir, et j'ai envie d'en parler avec passion. D'ailleurs il y a plus de passion dans cette phrase que dans le dernier film de Robert Rodriguez.

 
La passion c'est ce qui m'a donné envie d'écrire cet article à chaud, avec la sensation de m'être enflé le prix de ma place de ciné chevillé aux boyaux. Sans elle, je serais accro aux émissions de Cyril Hanouna, je porterais des polos Eden Park et j'aurais, balancé mes disques de Marvin Gaye, de Rickie Lee Jones et de Bowie pour me passer en boucle les derniers albums de Ben l'Oncle Soul, Shaka Ponk ou Selah Sue.

Cyril Hanouna en mode Sin City
C'est quelque chose qu'il ne fait pas bon avouer en public dans les cercles où je traine ma vieille carcasse, mais j'avais plutôt apprécié le premier Sin City. Je criais pas au chef d'œuvre bien sur, mais le film avait eu le mérite de m'intéresser. Son identité visuelle, son rythme et sa narration en intrigues croisées était comme une baraque à l'architecture novatrice posée entre deux taudis de la Vieille Ville. J'avais entendu les ragots, les "on dits", les bruits de la rue qui m'annonçait cette séquelle comme un sombre navet, mais je me devais - et je devais au film qui m'avait plu il y a de ça neuf ans - d'aller me faire mon propre avis.

Et j'aurais du emmener une boutanche, ça aurait pas fait de mal
J'ai utilisé le terme séquelle, mais c'était une bourde. Comme son prédécesseur, le film nous raconte plusieurs histoires qui se croisent et croisent même celles du premier opus. On retrouve Dwight (maintenant interprété par Josh Brolin) dans le segment qui donne son titre au métrage. Situé plusieurs années avant The Big Fat Kill, le chevalier servant de ces dames retrouve son ancien amour Ava qui s'est mise dans une merde pas possible.

Merci qui ? La CMU pardi
 
On retrouve également Nancy (Jessica Alba qui est tout simplement torride) la danseuse amoureuse du fantôme de son flic d'amour John Hartigan. La belle se désespère depuis quatre ans maintenant et fantasme sur l'assassinat du puissant autant que corrompu Sénateur Roarke, responsable du suicide de son amant.

Et elle danse, danse, danse...
Une troisième histoire, nous fait suivre les pas de Johnny, joueur surdoué et frimeur qui a l'intention de faire payer au même Roarke une dette de son passé. Qui a envie de gagner contre un homme qui déteste perdre et a le pouvoir de vous pourrir la vie ?

 
Marv est aussi de retour avec un Mickey Rourke fidèle au poste. Ses apparitions dans l'histoire sont difficiles à situer pour la simple et bonne raison que certaines d'entre elles ne peuvent avoir eu lieu qu'après sa mort à la fin de The Hard Goodbye.

Du coup, on a Thanos et Whiplash dans le même film...
Cette narration éclatée est le premier problème du film. Si on pouvait situer les récits du premier Sin City dans un même "secteur temporelle" (c'est à dire qu'on pouvait très bien imaginer qu'ils se passaient la même semaine), ces nouvelles tranches de vie percutent de plein fouet la continuité telle qu'on la désirait. Cela n'est pas forcément un mal en soi, sauf quand ça occasionne des incohérences... comme LA PUTAIN DE RESURRECTION DE MARV !
 
Le casting s'enrichit et c'est l'un des rares points que je ne critiquerais pas trop. Les anciens se glissent à nouveau dans la peau de leurs personnages comme s'ils en étaient sortis hier. La plupart des nouveaux venus sont plus qu'acceptables. Josh Brolin avait la gueule de l'emploi et même si je trouvais que Joseph Gordon-Levitt faisait trop "minet beau gosse" pour l'enfer de la Cité du Vice, force est de reconnaitre qu'il est suffisamment bon acteur pour s'en tirer. Certains seconds rôles comme mes chouchous Ray Liotta et Christopher Lloyd sont impeccables.

 
C'est au niveau d'Eva Green que le bat blesse. Je veux bien que son personnage soit un cliché de femme fatale mais quand ton jeu d'actrice fait sentir au public que tu vas tourner ta veste dix minutes avant que tu le fasses, y'a comme un souci, non ? Je pense que la seule direction que Rodriguez lui ait donné a été "Ouvre grand les yeux comme si tu étais une folle"... C'est réussi.

Je te rappelle que tu es la fille de Marlène Jobert. Rien que pour ça, tu devrais pas trop la ramener...
 
Je passerais sous silence l'apparition de Lady Gaga (elle couche avec qui sérieux pour se retrouver là ?) pour m'attaquer à la réalisation. Robert Rodriguez est incapable de faire une suite. J'avais autant aimé Desperado que Il était une fois au Mexique m'avait déçu. Machete était aussi fun que Machete Kills était gonflant. Un écran affichait les films et les horaires des séances devant le cinéma. Je me suis étonné de voir un "Tout public" inscrit en lettres blafardes sous Sin City 2. On a quand même droit à une bonne dose de sexe, de sang, de têtes tranchées et d'yeux énucléés.

C'est à la quinzième amputation que j'ai compris. Il n'y avait pas une once de passion ou d'enjeux là dedans. On aurait pu faire défiler un bandeau pendant le film avec les mots :
Ce que vous avez dans le premier, je vous le ressers puissance 1000 dans le deuxième.


Autrement dit, Miho va avoir du pain sur la planche...

C'est comme ça qu'on arrive à l'écoeurement. La violence n'est qu'un prétexte à des gerbes de sang blanchâtres. Un personnage ne se suicide plus parce que c'est la seule solution à une situation inextricable, mais parce que c'est "stylé". La narration en voix-off se contente de balancer des punchlines dont seulement un faible pourcentage ont un tant soit peu de dégaine. Cela n'apporte plus rien à l'intrigue ou à l'univers.


Même la réalisation se contente de rebalancer les mêmes effets de style qu'il y a neuf ans et tombe rapidement dans l'outrance ou le ridicule. On dirait que la technologie n'a pas évolué pendant toutes ces années et on atteint le comble de la pitrerie quand les acteurs font semblant de courir devant le fond vert. Les apparitions de Frank Miller et de Roberto Rodriguez sont même pas des clins d'œil... à peine un petit coup de coude asthmatique.

Croyez le ou non, mais Miller se tire une balle dans le pied là

On raconte que si tu prends la bonne ruelle à Sin City, tu peux trouver ce que tu veux. Quelqu'un connait le moyen de trouver un bon film ?
Hé ho, tu n'as pas parler de moi !
 


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