dimanche 26 février 2017

Don't Fear The Reader #3


De retour en vidéo pour quelques reviews en flash des albums suivants :

- Planetary Volume 2 de Warren Ellis et John Cassday chez Urban Comics
- Batman & les Tortues Ninja - Amère Pizza toujours chez Urban Comics
- Hellboy & B.P.R.D - 1953 de Mike Mignola chez Delcourt Comics

 

jeudi 23 février 2017

Retro Review : Doom Patrol par John Byrne (DC Comics)

Vous savez combien de séries n'ont jamais été publiées en France ?

Allez, dites un chiffre, je m'en fous, je n'ai pas la moindre idée moi-même. 

En tous cas, une chose est sûre. Hormis quelques parutions dépareillées à la fin des années 60, on a rarement vu la Doom Patrol entre les mains d'un lecteur allergique à la langue de Shakespeare. A peine quelques petites apparitions de ci de là aux côtés d'autres héros, mais jamais leurs aventures en solo. 


Alors, lorsque mes pérégrinations m'ont amené dans cette bouquinerie d'Anvers et que j'ai eu la chance de tomber sur le volume 4 de Doom Patrol et que j'ai découvert qu'il était entièrement scénarisé et dessiné par John Byrne (l'un des auteur/dessinateur de l'âge d'or des X-Men), je n'ai pas pu résister.


Alors resituons un peu les personnages. La Doom Patrol n'est pas une équipe de super-héros ordinaires. Réuni par le Professeur Niles Caulder (un génie dans un fauteuil roulant qui a fait son apparition AVANT Charles Xavier), le noyau de l'équipe se compose de Robotman - un ancien pilote de course sauvé de la mort par la transplantation de son cerveau dans un corps mécanique - Elasti-Girl - une ex actrice exposée à des vapeurs volcaniques qui lui ont donné la capacité de changer de taille - et de Negative Man - un pilote d'essai ayant été irradié dans l'espace et qui possède désormais un double négatif doté d'étranges pouvoirs. Peu désireux de devenir des héros, mais souffrant de l'isolement dans lequel les plonge leur situation, Caulder parvient à faire d'eux une équipe oeuvrant pour le bien commun.


Et arrive ce run de John Byrne... Décrié par nombre de fans pour avoir fait fi de la continuité, l'auteur nous offre cependant 18 numéros plein d'aventures, de rebondissements et de situations... bizarres. 

J'avoue que le premier arc (issues #1 et #2, la série fonctionnant majoritairement en intrigues de deux épisodes) m'a laissé un peu perplexe dans la mesure où il faisait suite à une aventure de la JLA et opposait nos héros aux reliquats d'une espèce de vampires extra-dimensionnels. Cependant, une fois ce premier écueil passé, tout le reste de la série est assez plaisant à lire.


Mon moment favori ? Un épisode à la Code Quantum (même Caulder le reconnait) où Robotman et Elasti-Girl remontent le temps et s'incarnent dans leurs corps du passé. Hélas il se voit toujours sur leurs apparences du présent et échangent un baiser qu'un témoin verra comme un homme d'âge mur embrassant une enfant de 14 ans, ce qui enverra notre homme mécanique derrière les barreaux.
 
Oh bravo...

Car à l'heure où les scénaristes de comics s'enlisent dans des events à tiroirs parfois préparés plus d'un an à l'avance, lire ces histoires courtes fait un bien fou. De plus la Doom Patrol affrontant tour à tour des créatures aquatiques Lovecraftiennes, des robots tueurs, des évolutionnistes déjantés, des bébés métahumains se nourrissant de l'énergie des humains ou encore des spectres de sorciers incas, on a que rarement le temps de s'ennuyer.


Si on ajoute à ça l'apparition de Métamorpho et l'arrivée de Nudge, Vortex et Grunt dans l'équipe et de la découverte progressive de leurs origines et secrets, la série se retrouve donc doté d'un fort potentiel en termes de sous intrigues. Le tout est bien évidemment aussi agréable à l'oeil qu'au cerveau tant ça fait plaisir de retrouver les planches d'un des dessinateurs que j'appréciais déjà dans ma tendre enfance.


Bien entendu la série n'est pas exempte de défauts. On pourra lui reprocher d'être assez répétitive, non pas dans ses intrigues, mais dans leur déroulement. Chaque numéro commence en effet in media res, en plein d'une action ou d'un combat dont on ignore les tenants et les aboutissants. Ce n'est qu'une fois cette scène d'exposition passée qu'on aura droit à un flash-back nous révélant ce qui a mis nos héros dans des situations parfois extrêmes. Le procédé est intéressant, mais Byrne en use et en abuse tant et si bien qu'il n'a plus grand chose de surprenant passé quelques épisodes.


De même, la résolution quasi simultanée de toutes les intrigues secondaires sur les nouveaux membres de la Patrol a un gout d'indigestion d'information. Là, je ne peux que supposer que Byrne savait que sa série allait s'arrêter et a décidé de débrouiller tous les sacs de noeuds qu'il avait pris plaisir à nouer. 


 En résumé, une série qui sans être parfaite vous permet de passer un bon moment. De plus, j'ai été ravi d'en apprendre davantage sur ces personnages que j'avais trop souvent vu comme les guests d'autres séries et qui aurait sans doute gagné à être mieux connu sous nos latitudes.

dimanche 12 février 2017

Review : Moon Knight - Bienvenue en Nouvelle Egypte (Panini Comics)

J'adore le concept de Moon Knight ! Peut-être parce qu'il est une parodie de Batman (avec son Moon-Copter et ses... moonrangs... les trucs en forme de lune qu'il lance), mais surtout parce qu'il y a chez ce personnage une idée aussi évidente qu'originale : la schizophrénie. Un peu d'histoire pour ceux qui ne seraient pas familiers du personnage : Mercenaire expérimenté, Marc Spector se retrouve agonisant en face de Khonshu, dieu égyptien de la Lune, qui lui propose un marché. Il devra devenir l'avatar du dieu sur Terre en échange de la vie. Après avoir accepté, Marc reviendra à la vie civile et pourchassera les criminels sous l'identité de Moon Knight. Pour faciliter sa mission, il assume les identités du millionnaire Steven Grant et du chauffeur de taxi Jake Lockley.



Affublé de, non pas une, mais trois identités secrètes, Marc Spector a lentement mais sûrement glissé dans la folie du dédoublement, voir triplement, voir quadruplement, de personnalité. Hélas, hormis les premiers épisodes du run de Charlie Huston en 2006 (Moon Knight Volume 3), je n'ai jamais vraiment trouvé de série (et de scénariste, même si Warren Ellis a bossé sur le personnage) capable de me donner ce que j'attendais d'un tel postulat de départ.

Avec des moments horribles comme l'époque où il se prenait pour Cap, Wolverine et Spidey

Le souci, c'est que les différents auteurs qui sont passés sur le personnage se sont échinés à nous proposer des histoires de super-héros schizophrène qui arrive à vaincre le vilain et sauver la fille malgré ses soucis mentaux, ses visions et sa folie. Pour moi, il n'avait fait que frôler cette idée de désordre mental sans jamais vraiment l'embrasser à bras le corps. C'est donc sans grande conviction que je me suis procuré cette nouvelle série scénarisée par Jeff Lemire. Et là, merci Khonshu !


Marc Spector se réveille dans un asile psychiatrique sans le moindre souvenir de comment il y est arrivé. Sa thérapeute, le docteur Emmett, lui soutient qu'il est arrivé dès son enfance et qu'il souffre de troubles de la personnalité qui l'ont amené à croire qu'il était le héros dont il voit les exploits sur les écrans de la télévision de la salle commune : Moon Knight. Agressé par les gardes, subissant des séances d’électrochocs régulières, Marc est également visité par la voix et les visions du dieu Khonshu qui lui assure que rien de tout cela n'est réel et qu'il est la victime d'une guerre entre entités omnipotentes qui cherchent à s'introduire dans notre monde.


Emmenant avec lui d'autres patients, qui s'avèrent être les compagnons que le Chevalier de la Lune a connu tout au long de sa carrière, Marc décide donc de s'échapper afin de contrecarrer les plans de l'infâme Seth.


Voilà... Voilà ce que j'attendais. Merci monsieur Lemire. Son scénario nous propose une véritable folie dans la mesure où à aucun moment on ne sait si ce qui arrive se passe ailleurs que dans la tête de Marc. Là où les autres séries opposaient Moon Knight à des menaces réelles et tangibles, ce nouveau volume nous le montre en train de cogner sur des infirmiers et des médecins qu'il est le seul à voir sous des formes démoniaques. Oui, je sais... ses compagnons les voient aussi... mais ses compagnons sont ils réels ? Et s'ils le sont, sont ils dignes de confiance ?


Croyez-moi, j'ai lu l'album deux fois à la suite (comme à chaque fois que je prépare une review, ne pensez pas que je suis fou) et rien ne permet à aucun moment de décider si nous faisons à des événements véritables ou à des fantasmes chimériques issus d'un cerveau malade. Tout est plausible dans un sens comme dans l'autre. Les révélations s'enchaînent nous laissent parfois aussi choqué que notre protagoniste aux mains d'un personnel médical dont on ne sait toujours pas s'il veut véritablement son bien.


Ajoutons à ça, la composition très particulière (bien que répétitive au bout d'un moment) des planches de Greg Smallwood qui joue beaucoup sur le blanc immaculé qui ressort sur les décors grisâtres et qui symbolise la pureté retrouvée du héros et le côté sacré de la mission qui lui est confié. Smallwood s'adjoint aussi plusieurs co-dessinateurs dont mon chouchou Francesco Francavilla et son style très pop 70's pour nous proposer un mix du genre "plusieurs personnalités, plusieurs réalités, plusieurs ambiances" dans un final dantesque de questionnement sur la santé de Moon Knight.


En résumé, un album des plus intéressants. Une série en laquelle je ne croyais pas plus que ça et qui s'avère en définitive être une très bonne surprise. A suivre donc...


mardi 7 février 2017

Review : Wraithborn - Renaissance (Glénat Comics)

Après les sorties de deux tomes de Lady Mechanika chez le même éditeur, voici venir la nouvelle série du père de l'aventurière steampunk : Wraithborn ! Pas d'Angleterre victorienne fonctionnant à la vapeur ici, mais un conte épique et urbain mêlant démons, sociétés ancestrales et adolescente innocente.


Mélanie Moore est cette jeune innocente. Lycéenne aussi douée timide et discrète, elle vit sa petite vie sans faire de vagues entre les cours et un père dont elle prend grand soin dans l'attente d'une marque d'attention, même maladroite. Hélas, ces vagues viendront la chercher un soir alors qu'elle est allée déposer des fleurs sur la tombe de sa mère.
Sous la forme d'un gros guerrier en armure

Elle fera la rencontre d'un guerrier à l'agonie qui lui fera don du pouvoir de repousser les démons avant de rendre son dernier souffle. Désormais la cible de créatures plus maléfiques les unes que les autres, au service de la terrible Brijit, Mélanie n'aura pour seuls alliés que Zoé, une camarade de classe aux dons médiumniques hérités de sa grand-mère - et Valin, le guerrier de l'ordre des Immortels qui était destiné à recevoir le pouvoir du Wraithborn.


Comment vous dire ? A une époque, je dévorais absolument tout en comics, le bon comme le moins bon. Comme un junkie en manque, il me fallait ma dose et j'essayais de me la procurer par tous les moyens. Manque de pot, c'étaient les années 90 et mes dealers les moins scrupuleux m'ont refilé tout et n'importe quoi, y compris pas mal de comics Top Cow.


Wraithborn c'est Witchblade l'héroïne badass en moins. Le scénario, le bestiaire, les costumes... Tout ici fait penser à du Marc Silvestri. De la société secrète au pouvoir mystique qu'elle garde jalousement en passant par des entités démoniaques filiformes ou musculeuses, j'ai eu l'impression de relire de vieux kiosques de chez Semic tout en regrettant que Mélanie n'ait pas la carrure d'une Sara Pezzini.


L'ouvrage essaie pourtant de faire preuve d'originalité en faisant de son héroïne une coincée à la Peter Parker (ce qui est étonnant vu son physique plutôt avenant, je ne comprenais pas qu'elle soit une paria dans son école) et en proposant une galerie d'antagonistes issue du folklore vaudou. Hélas, rien n'y a fait.


Pas même le coup de crayon d'un Joe Benitez habitué aux protagonistes féminines qui nous présente tour à tour la frêle Mélanie et la plantureuse Kiara. Incidemment, le seul personnage masculin important de l'intrigue - Valin - parait bien fade et ressemble à beaucoup trop d'autres héros ténébreux et maussades qu'on a pu croiser dans les productions Image ou Top Cow de la grande époque.


En résumé, Wraithborn reste pour moi une petite déception de la part d'un artiste dont j'attendais qu'il confirme les louanges que j'avais pu lui décerner à la découverte de Lady Mechanika. Un album dispensable, surtout pour celles et ceux qui attendent d'être surpris par un comics.