dimanche 29 janvier 2017

Review : Dark Knight - The Last Crusade (Urban Comics)

J'aurais aussi bien pu appeler cet article "Pour 14 euros, t'as plus rien !".


Frank Miller et Batman, c'est pour moi une évidence. L'univers du scénariste taciturne géniteur de Sin City ou des sagas les plus sombres et mémorables de Daredevil et le Chevalier Noir de Gotham étaient faits l'un pour l'autre. Cependant, si Year One et The Dark Knight Returns sont pour moi des monuments du Bat-Universe, force est de constater que DK2 et ce que j'ai lu pour l'instant de The Master Race (ouais, j'utilise le titre VO) sont bien en dessous de leur majestueux prédécesseurs.
 
Mais ça c'est l'éternelle lutte des générations
J'ai cependant laissé sa chance à ce one-shot vendu comme la préquelle de The Dark Knight Returns parce qu'il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Quelle erreur je fis !


Parlons tout d'abord du scénario. Une vague de suicides / crimes impliquant de grandes fortunes de Gotham sévit et lance le plus grand détective du monde sur la piste de Poison Ivy, épaulée par Killer Croc. Cela sent le réchauffé ? On a déjà lu ça de la part de scénaristes bien moins prestigieux ? Peut-être, mais... Miller s'en contrefout !


Lui, ce qui l'intéresse c'est de nous montrer un Batman vieillissant devant lutter contre des douleurs chroniques de plus en plus lancinantes tout en essayant de former un Jason Todd - Robin - bien trop impétueux et accro à la violence au goût de son mentor. Son trip, c'est aussi de nous montrer un Joker emprisonné une énième fois à l'asile d'Arkham et qui s'échine à rendre fou ses co-détenus.


Malheureusement, tout cela est mal fait et on touche pour moi à ce qui fait le défaut numéro 1 du récit : il est beaucoup trop court. Les thématiques et les situations ont beau être intéressantes, les 57 pages de l'histoire principale ne parviennent qu'à nous brosser un portrait un peu brouillon des enjeux qu'elles posent. Robin n'a quasiment jamais la parole et Batman lui-même devient une parodie de héros fatigué lors d'une confession sur l'oreiller avec Catwoman.


Même le climax de l'histoire a un goût de pétard mouillé nappé de frustration. Ce qui devait être le point de départ de l'action en est la conclusion ! J'aime qu'on joue avec mes attentes, mais ici, ça ressemble à du sadisme. Miller me met en appétit avec un Joker plus fou que jamais et conclue son histoire dans la foulée...


Fort heureusement, John Romita Jr sauve l'ensemble par des planches où son style si particulier et anguleux s'accorde parfaitement à l'univers du Caped Crusader. Un Robin agressif, un Joker en mode "thin white psycho" et un Killer Croc plus baraque que nature qui dérouille notre héros comme jamais. Toutefois, c'est son Batman à mi-chemin entre la créature longiligne de ses débuts et le justicier imposant et terriblement massif dessiné par Miller qui démontre d'un véritable travail d'évolution sur le trait du personnage.


D'ailleurs, Urban ne s'y est pas trompé en proposant en bonus de l'histoire, l'intégralité des crayonnés du sieur Romita. Oui, vous avez bien lu... On a 57 pages de récits ET 57 pages de la même chose, en noir et blanc et sans les dialogues... Le film muet du livre en somme ?


D'ordinaire, c'est ici que je mettrai la conclusion, mais je pense que pour une fois, ça se passe de commentaire.