jeudi 26 février 2015

VO-Day : Secret Identities #1 (Image)

S'il est bien un concept qui devrait être indissociable de celui de super-héros, c'est celui de l'identité secrète. La thématique était encore au centre de Civil War en 2006 alors qu'elle remonte à la naissance des super-héros. Qui n'a pas vu Spider-Man ou Batman clamait haut et fort qu'ils "ne pouvaient pas dévoiler leur identité au public sans que les gens qu'ils aiment ne deviennent la cible de leurs ennemis" ? Bien souvent, les faits leur ont donné raison d'ailleurs.
 
mais pas encore assez raison à mon gout... vu que Tante May s'est remise de sa mort
Cependant, force est de constater que ce concept - déjà tiré par les cheveux à la base - est en train d'être mis à mal par les scénaristes du grand comme du petit écran. Gwen Stacy ou Lois Lane découvre les vrais identités de leurs chevaliers servants dans The Amazing Spider-Man et Man of Steel ou l'identité de Flash ou Arrow sont des secrets de Polichinelle dans leurs séries TV respectives. Alors les identités secrètes fonctionnent-elles toujours en 2015 ? Oui, mais il faut s'adapter et faire du neuf avec quelque chose qui est aussi vieux que les collants de nos héros.
 
J'ai compté que 13 personnes savent que Barry est Flash et que 17 personnes savent que Oliver est Arrow (mais je peux me tromper, n'hésitez pas à me le dire en commentaires)
C'est dans cette optique que Secret Identities de Jay Faerber et Brian Joines (deux auteurs qui me sont inconnus à priori, mais peut-être travaillent-ils sous des identités secrètes ?) cherche à s'inscrire. Les Frontliners sont l'équipe de super-héros typiques. Propres sur eux, puissants, politiquement corrects... Chaque membre a une place bien précise dans le groupe et correspond à un archétype : le leader sans peur et sans reproche, l'élément comique, le taciturne, le gros bras au grand coeur, la gentille jeune fille... j'en passe et des meilleures.


Ajoutez à cela une pincée de diversité ethnique, un soupçon de "Ah il me rappelle (insérez le nom d'un super-héros connu) et une bonne louchée de pouvoirs passe-partout tels que super-vitesse, super-force ou maîtrise des éléments et vous obtiendrez là le modèle sur lequel sont basées toutes les plus grandes équipes de super-héros. Je ne vous charrie même pas ! Quand vous imaginez un combat entre les Avengers et n'importe quel groupe de héros costumés, vous savez qui va affronter qui parce qu'ils sont plus ou moins le même personnage, ont plus ou moins le même pouvoir ou la même fonction dans le groupe. Vous sentez venir la douce lumière de la révélation dans vos esprits ?


Rien de bien neuf dans ce cas ? Les Frontliners sont une équipe de héros et c'est tout ? Bien sur que non, c'est là que tout commence. Faerber et Joines se servent de ce groupe aussi cliché qu'il nous est familier pour nous poser une question tout simple : et si les héros avaient une raison bien moins altruiste que le bien-être de leur famille pour dissimuler leur identité et leur pouvoir ? Et si les parangons de vertu que les Frontliners ont l'air d'être en public n'étaient que des facades pour des secrets bien plus sombres cachés dans leurs vies quotidiennes ?
 
Leur QG c'est un robot géant qu'ils ont démoli... c'est pas classe ça ?
D'ailleurs les masques tombent assez rapidement. Fille du Président des Etats-Unis, Luminary peine sous la pression que son papounet lui met pour mettre l'équipe dont elle est le leader au service de la bannière étoilée. L'acrobate Punchline a peut-être toujours un bon mot à partager avec ses camarades, mais sa carrière de comique de stand-up ne décolle point. Helot, le cyborg extraterrestre amnésique ne comprend pas d'où lui viennent ces rêves où il assassine quelqu'un. Vous trouvez que ces secrets ne sont pas si terribles que ça ?


Et si nous parlions du bolide Rundown qui mène une double vie entre deux femmes et deux petites familles tout en remplissant son rôle de héros ? Ou du colosse Vésuvius qui n'hésite pas à détruire des trésors d'archéologie pour dissimuler qui il était avant d'être un homme de pierre en fusion ? La belle Gaijin manie le sabre comme personne mais - en plus de détruire sorciers et démons - n'hésite pas à s'en servir pour aider son yakuza de demi-frère. De son côté, le sinistre Recluse, garde dans sa cave des criminels qui sont passés entre les mailles du filet de la Justice. Pourquoi ? Pour combler sa... faim...
 
Recluse il est bien badass quand même
La palme revient sans doute à Crosswind. Dernier arrivé dans la Frontline, ce chevaucheur des vents en armure n'est là que pour découvrir qui sont ses coéquipiers et les tuer au nom de la Vengeance. Epaulé dans sa quête par un commissaire de police, il attend patiemment que tous lui fasse confiance pour frapper.
 
Crosswind : Un vent de trahison souffle sur la Frontline
Sans vraiment être un blockbuster que ce soit par ses dessins (Ilias Kyriazis a un style propre, net mais malheureusement un peu passe-partout... on dirait du Stuart Immonen mais en moins bien) ou par l'originalité de ces personnages, Secret Identities parvient néanmoins à accrocher le lecteur de par son postulat de départ. Gageons que les secrets des Frontliners seront révélés au fur et à mesure et que les répercussions sur la cohésion de l'équipe sauront surprendre le public. Toujours est-il qu'il fallait avoir cette idée et qu'un petit coup de pied dans les institutions et tout ce que les comics tiennent comme pré-établis ne peut pas vraiment faire de mal. Pour ma part, j'attends le deuxième numéro.

En même temps, on n'en pas fait un peu des caisses avec ces histoires d'identités secrètes ?
 

dimanche 22 février 2015

Review : Kingsman - Services Secrets

Secouez vos martinis les Sidekicks, aujourd'hui on va parler de Kingsman - Services Secrets. Adapté (très librement même si Mark Hamill fait une apparition mais pas dans son propre rôle) du comics The Secret Service de Mark Millar et Dave Gibbons, l'adaptation a été confiée à Matthew Vaughn, déjà derrière Kick-Ass, Stardust et X-Men - First Class. Le résultat est... Non ! Attendons un peu...
 
On va pas commencer par la fin quand meme
Commençons par l'histoire. Les agents du Kingsman sont des gentlemen agents secrets. Harry Hart - connu sous le nom de code "Galahad" - décide de faire de Eggsy, un jeune homme doué mais peu motivé (du genre de ceux qui font appel à Pascal le grand frère), un aspirant agent. Cette volonté tient d'ailleurs beaucoup au fait que le père d'Eggsy fut lui-même un candidat à l'entrée dans les rangs du Kingsman et s'est sacrifié pour sauver la vie de Harry.


Nous suivons donc en parallèle l'entrainement de Eggsy qui doit se battre pour rester en vie tout autant que pour se faire accepter par les autres candidats beaucoup plus "snobs" et l'enquête que mène Harry pour découvrir les plans de Richmond Valentine, un milliardaire de l'Internet, qui serait derrière une vague de disparitions parmi les plus grands de ce monde.


Le cast pète la classe à de nombreux niveaux. Colin Firth, Michael Caine et Mark Strong injectent tout leur flegme so british dans Galahad, Arthur et Merlin. Face à eux, le jeune et quasi inconnu (il a joué dans quoi avant ?) Taron Egerton campe un Eggsy autant à l'aise en baskets et survet qu'en Oxford et costume taillé sur mesure. 


Le seul point noir là-dedans... et je réalise à quel point cette phrase est mal venue au moment où je l'écris mais je ne peux pas m'en empêcher... est malheureusement Samuel L. Jackson. J'ai l'impression de le voir jouer continuellement le même rôle. Il peut être un excellent acteur, mais le laisser en roue libre (ce zozotement c'est une idée de qui ? On dirait un méchant de cartoon)... je suis pas sur que ça soit très intelligent. Regardez ce que ça a fait à Nicolas Cage !

La réalisation est un point sur lequel j'ai envie de m'attarder. Matthew Vaughn a réussi à rééditer sa performance de Kick-Ass et j'irais même jusqu'à dire qu'il la sublime ici. Le film est vif, nerveux et chaque scène d'action est aussi surréaliste qu'elle est compréhensible. Beaucoup de films récents n'arrivent pas à montrer une scène d'action d'une manière "lisible". Le montage est souvent trop cut et se concentre sur les images choc. Un écueil que Vaughn a su éviter pour nous livrer des scènes riches en petites trouvailles, en changement de points de vue ou encore en bullet time sans que jamais cela ne devienne "trop". Chapeau bas l'artiste !


Bien sur, le film est assez violent mais cette violence reste fun et stylisé. La scène de l'église dont beaucoup de gens ont parlé sur le net est un monument de défoulement et j'ai n'ai pu contenir des frissons d'excitation en la découvrant (même si je ne pouvais m'empêcher de penser que tous les morts de cette scène sont innocents... des gros cons, certes, mais innocents). De même la scène des "feux d'artifices" est très drôle et jouissive à regarder, mais on ne peut s'empêcher de se dire "Mais... en fait... ce sont des têtes qui explosent là...". La violence du film est jubilatoire, je ne dirais pas le contraire, mais n'oublions pas de préserver le jeune public.
 
Techniquement... on est d'accord que ça pourrait très bien être Alfred sous un faux nom après la fin de The Dark Knight
Revenons maintenant au début de cette review. Matthew Vaughn a réussi à rendre un hommage vibrant aux films d'espionnages des années 60. Ce tribut est d'autant mieux rendu lors d'un dialogue entre Colin Firth et Samuel L. Jackson. Tous deux se plaignent que les films d'espions sont devenus "trop sérieux" et je ne peux qu'aller dans leur sens. Les aventures les plus récentes de 007 ont perdu une grande part de leur charme en voulant coller à une mode réaliste qu'ont suivi Jason Bourne, Jack Bauer et leurs ersatz.


Kingsman nous replonge avec allégresse dans une époque où les espions avaient la classe et des gadgets farfelus. Il nous livre un antagoniste mégalomane dont le bras droit n'est autre qu'une Oscar Pistorius psychopathe (et là, je me rends à nouveau compte que cette formulation n'est pas des plus heureuses) digne d'un Requin ou d'un Oddjob (l'asiatique avec le chapeau tranchant de Goldfinger). Le bad guy a d'ailleurs un plan qui ne va pas le rendre riche, il n'a pas d'ambitions politiques... il cherche juste à dominer le monde !
 
NDLR : Cette actrice est française et a débuté dans Les Cordier : Juge et Flic
Suite à cette conversation entre Firth et Jackson, la réplique "On n'est pas dans ce genre de film" revient à plusieurs reprises. Je suis désolé de vous le dire... mais on est EXACTEMENT dans ce genre de film ! On est en train de regarder le digne héritier du Bond de Sean Connery et Roger Moore, le cousin plus malin de Austin Powers et le petit fils aidé par la technologie de Notre Homme Flint. En résumé... un excellent moment de cinéma.

C'est qui ce Flint ? Juste le film qui a inspiré Austin Powers

dimanche 15 février 2015

Review : Black Science - Tome 1 (Urban Comics)

Aaaaah les mondes parallèles ! Voilà un concept science-fictionel qui m'a toujours attiré. J'ai dévoré les 5 saisons de Fringe et je ne loupais pas un seul épisode de Sliders : Les Mondes Parallèles (du moins au début, parce que la série a vite commencé à prendre une direction portnawakesque des plus irritantes). Même les plus grandes séries comics ont toujours pris un malin plaisir à nous faire découvrir d'autres versions de leur héros au gré des aléas du Multivers.


L'explication derrière les mondes parallèles est d'ailleurs toujours la même. Un monde superposé au nôtre mais vibrant à une fréquence différente et où l'Univers a suivi une voie différente, souvent suite à un événement différent de ce qui s'est passé chez nous : les Nazis remportent la Seconde Guerre Mondiale (comme dans Le Maître du Haut-Chateau), un enfant a été enlevé à sa famille (Fringe me manque) ou un Superman enfant n'a pas été recueilli par la famille Kent (voir JLA : Le Clou pour plus de détails). En gros : tout est possible dans le Multivers.

Dans certains mondes, un Almanach des Sports peut tout changer

Black Science arrive donc enfin en France deux ans après le début de sa publication grâce à Urban Comics et nous propose une aventure qui va nous emmener au delà des frontières de notre réalité. Grant McKay, membre de la Ligue Anarchiste Scientifique, a réussi à percer la fabrique de son monde pour partir explorer l'immensité des réalités alternatives avec son équipe et ses enfants.


Malheureusement - et comme on pouvait s'y attendre - cette petite sortie ne se passera pas comme prévu. Le Pilier, artefact permettant à Grant et compagnie de visiter ces autres mondes, est "saboté" dès leur premier voyage. Perdus, obligés de suivre le Pilier au gré de ses sauts erratiques, le petit groupe sera forcé de s'entraider pour survivre alors que le danger les guette à chaque pas. Alors... On est dans Sliders ou on est pas dans Sliders ?

Des dangers, ce premier tome n'en manquera pas d'ailleurs : batraciens maléfiques, versions alternatives d'eux-mêmes, Indiens d'Amérique High-Tech anéantissant les peuples d'Europe et Yétis possédés par des plantes fantômes n'auront de cesse de les poursuivre. Cependant leur plus grand adversaire restera le manque de confiance entre les membres du groupe qui ne peuvent s'empêcher de se regarder en se demandant "Qui a saboté le Pilier ? Qui est responsable de ce qui nous arrive ?". Ainsi, les Dimensionautes passeront leurs rares moments de répit à se voler dans les plumes.

ou à se rouler dans l'opprobe

Rick Remender nous avait déjà emmené dans les étoiles à l'occasion d'un Fear Agent qui plaisait par son côté SF Rétro jouissif. Ici, la recette est plus ou moins la même. Les couvertures et les dessins de l'italien Mattéo Scalera ont un côté pulp de SF des 60's qui, à mon sens, se retrouve jusque dans le titre de la série. Les couleurs sont kitchs et criardes et les combinaisons des Dimensionautes semblent sortis de Starcrash : Le Choc des Etoiles et Yétis et Homme-Grenouilles semblent jaillis des pages d'un Weird Science de la belle époque.


Une belle époque, certes... mais l'ensemble reste un poil frustrant. On aimerait en savoir plus sur les mondes visités. Comment sont ils devenus ce qu'ils sont devenus. Cette remarque est surtout destinée à la deuxième réalité où sont projetés les Dimensionautes. Un monde où les Européens n'ont découvert l'Amérique qu'au moment où des hordes de Peaux-Rouges armés de méchas et de Tomahawks lasers ont déferlé sur eux pour les coloniser. Hélas, ici, l'intrigue reste trop focalisée sur le groupe de héros pour qu'on en apprenne plus. D'où ma frustration.

Parce que ça... J'aimerais comprendre...

Black Science reste cependant une excellente surprise. Un petit bijou qu'Urban propose à un prix modique (comme ils l'ont fait pour American Vampire et The Sixth Gun avec le succès que l'on sait) et dont il serait stupide de se priver. Pour ma part, je règle mon minuteur sur la sortie du Tome 2.

Ca sera sans doute plus long que ça...

dimanche 8 février 2015

Review : Transmetropolitan - Année Trois (Urban Comics)

Je suis Spider


Oh la la ! J'en vois déjà qui se lèvent en criant au blasphème parce que j'ai touché à un symbole, que je n'ai pas été patriote et que la France on l'aime ou on la quitte. Si vraiment vous pensez ça et que ma phrase d'introduction vous a choqué, je vous conseille vivement de quitter ce site à l'instant parce que je ne faisais que m'échauffer et que ça risque de devenir bien pire avant de devenir bien mieux.


Hier soir, j'ai lu le troisième tome de Transmetropolitan sorti chez Urban Comics et autant dire que ma nuit fut courte tant ce comics a le don de mettre mon cerveau en ébullition. J'ai utilisé très souvent - trop souvent - le terme de "meilleur comics du monde" pour parler de ce que je reviewais, mais là... On est indubitablement en face du meilleur comics du monde. Du moins, je pense que c'est avec celui-ci que le scénariste Warren Ellis a réussi à faire passer le plus de ses idées personnelles.

Il est 4 heures du matin... 4h12 pour être précis. On va voir ce que j'ai dans les tripes.


Juste un mot sur les dessins parce qu'on va s'en foutre royalement dans cet article : ils sont beaux... Darrick Robertson... The Boys... coup de crayon caractéristique et violent.... sublimation du héros...


Jeté dans les rues de la Ville - aussi anonyme qu'elle est représentative d'à peu près toutes les mégalopoles - dans un futur incertain - qui en 99 est toujours d'actualité en 2015 - , le journaliste Spider Jerusalem doit cette fois-ci faire face à des exactions policières, à la censure et à un Président des Etats-Unis qui rêve de le voir mort quand il se masturbe dans le drapeau américain. Pourtant rien n'y personne ne fera taire le journaliste. Il va continuer à vous planter le cran d'arrêt de la Vérité et la Libre Pensée entre les côtes, va élargir la plaie à coups de dents de l'Intégrité et va pisser l'urine de la Liberté d'Expression sur la plaie béante.

C'est vulgaire ? Le volume l'est sans doute. On vous parle d'un grand-père bourré qui balance sa femme dans une benne, c'est déjà assez sordide sans qu'en plus on vous dise que cette benne est remplie de capotes usagées... Certes, mais vous n'avez pas envie de jurer comme un charretier quand vous êtes à une hypocrisie consensuelle ? Vous n'imaginez les supplices les plus atroces et sadiques pour quelqu'un qui vous spolie délibérément de votre droit le plus inaliénable : le droit au respect ?
 
En parlant d'outrages... le fait que Yelena m'attire alors qu'elle n'est qu'une version féminine du héros devrait m'inquiéter ou pas ?
Nous sommes clairement dans la satire ici. Le monde dans lequel évolue Spider n'est rien d'autre qu'une extension du nôtre. Les gens sont abrutis par une télévision qui les suit jusque dans la rue, n'importe qui et n'importe quoi peut devenir l'objet d'un culte hystérique et surtout... les journalistes ne font pas leur boulot.


J'ai toujours pensé que les gens qui - comme moi, ce n'est pas de la vantardise ou de l'orgueil mal placé, c'est juste un fait - ont une facilité avec les mots ont reçu un don : celui d'aider les gens à ouvrir les yeux. Regardez ce que notre monde moderne a fait de ce don. Cyril Hanouna vous dit tous les soirs ce qu'il faut regarder ou pas à la télévision. Ses chroniqueurs ont abandonné toute fierté et intégrité journalistique pour devenir de pitoyables pantins occupés à pomper le postérieur du premier présentateur en promo qui passe (et vous pouvez compléter cette magnifique allitération en P en y ajoutant des "Putain" par-ci par-là).


Regardez n'importe quel talk-show d'actualités qui va vous ordonner d'aller vous prosterner devant Intouchables ou La Famille Bélier. Ils vous ordonnent d'être émus parce que... ben parce que c'est émouvant et si t'es pas ému c'est que tu n'es pas vraiment un "bon" être humain. Ils vous traitent de raciste si vous osez dire que Kendji... ben c'est pas votre tasse de thé. Ils ont fait d'acteurs prétentieux et incultes des personnalités du monde du cinéma. Ils ont adoubé Marc Levy comme l'écrivain d'une génération et 50 Nuances de Grey comme le Kama-Sutra des temps modernes. Quand est ce qu'ils vous ont demandé votre avis ? A vous ?


J'écris ce blog depuis des années maintenant et je n'en ai retiré ni compensation financière, ni un quelconque pouvoir... je ne peux même pas m'en servir pour briller en société ou en galante compagnie parce que les médias vous ont ordonné de considérer qu'un trentenaire qui lit des comics c'est trop Big Bang Theory pour être pris au sérieux. Je connais et je fréquente régulièrement des sites de critiques de cinéma, de littérature et de musique dont quasiment personne n'entendra jamais parler pour la simple et bonne raison que - comme la mienne - leur ligne éditoriale consiste en : Faites vous votre propre putain d'opinion, on est là que pour vous donner un avis.


Spider Jerusalem doit d'ailleurs faire face à une cruelle vérité dans ce nouveau volume : il est devenu un symbole qu'une société trop "moutonisée" considère comme une voix alternative sans jamais avoir pris la peine de lire un de ses articles et se contente de faire leur l'image que les autres médias donnent de l'avatar dessiné de Warren Ellis. 

En devenant un personnage de fiction (à base d'anime japonais, de merchandising et de films d'entertainment pour adultes) dans son propre monde fictionné, Spider perd la capacité d'être considéré comme un vrai être humain avec quelque chose. Une thématique chère à l'auteur qui est d'ailleurs le point de départ de son documentaire Captured Ghosts.


Il commence à y avoir de la lumière dehors...

Il serait hypocrite pour moi maintenant de vous "ordonner" de lire Transmetropolitan après tout ce que je viens de dire. Je ne peux que vous donner un avis, une opinion. Ellis l'a écrit en parlant avec ses tripes et je pense que c'est là ce qui fait la force du récit. Les répliques et autres tirades font mouche à tous les coups... ou du moins, elles le font si - comme moi - vous en avez soupé de l'hypocrisie générale qui recouvre notre société... 


Quoique l'hypocrisie est une tumeur tellement bien faite qu'on ne pense jamais en être atteint. On se dit qu'on ment pour la bonne cause, qu'on peut pas faire autrement. Bien sur qu'on peut faire autrement... On peut dire la Vérité... On peut considérer que la personne qui est en face possède un droit inaliénable à connaitre la Vérité ou que, du moins, on a le devoir moral de dire la Vérité. Si vous saviez le nombre d'hypocrites qui s'ignorent... vous réaliseriez sans doute que vous en faites partie.


Comment savoir qu'on est pas hypocrite alors ? Et bien si la dernière phrase du paragraphe suivant ne vous a en aucun cas vexé... si vous avez relevé la tête trois secondes de votre écran pour dire "Oui, ça m'arrive d'être hypocrite", c'est probablement que vous ne l'êtes pas et que Transmetropolitan est fait pour vous, parce que vous avez envie de croire que, dans ce monde, il n'y a pas que des gens petits qui se croient grands et qui font tout pour rendre les autres aussi petits qu'eux.
 
Et si vous pensez que les gens trop gentils ont forcement l'intention de vous sodomiser aussi...
On dit souvent qu'il n'y a que la Vérité qui blesse et grâce à Warren Ellis elle ne se contente pas de vous blesser. Elle vous fonce dessus avec un semi-remorque dont le pare-choc a été recouvert de barbelés avant de faire une marche arrière pour briser vos quelques os encore intacts et de descendre du camion pour vous achever à la machette. Bonne lecture !

mercredi 4 février 2015

Top 5 : Deadpool is the best !

Les habitués du blog le savent certainement : je suis particulièrement fan de Deadpool. Création Marvel des années 90, le mercenaire fut d'abord un ennemi de Cable et des Nouveaux Mutants avant de devenir le protagoniste principal d'une flopée de mini-séries et de séries toutes plus réussies les unes que les autres. Véritable phénomène dans le monde des comics - en effet, c'est l'un des rares personnages créé après les 70's à connaitre un tel succès - il était grand temps de vous dire en quoi le mercenaire disert a su gagner sa place dans mon coeur d'ordinaire si froid et dur comme la pierre.
 
Même si des fois, il s'en est fallu de peu que je le déteste...
#5 : Il a un jeu vidéo super cool !

J'en vois déjà qui font des bonds ! On se calme ! Tout doux ! Voilà, voilà, c'est bien. Assieds-toi et respire à fond le temps que je m'explique.


Deadpool : The Video Game n'est pas un bon jeu. Il est répétitif dans son gameplay. Les ennemis ne sont pas variés. La durée de jeu et la jouabilité sont décevantes au possible. On a déjà joué à de bien meilleurs beat'em up... MAIS... C'est un excellent délire pour les fans de Deadpool car il respecte à fond l'esprit du personnage.


Scénarisé par Daniel Way, le jeu se paie le luxe d'être complètement barré. L'humour est omniprésent et les expériences sont variées (le passage en "mode 8-bit" est un moment de pur génie). De plus, avoir pour héros un personnage qui sait qu'il est dans un jeu vidéo, commente les succès/trophées, appelle le développeur pour avoir des rallonges de budget et se sert de ses "cases de pensées" comme plateformes, c'est tout bonnement énormissime. De plus, ça colle à 100% avec notre ami Wade car...


#4 : Il brise le quatrième mur

Un peu d'explication pour ce terme que les profanes ne comprendront peut-être pas. Quand un personnage brise le 4ème mur, il devient pleinement conscient de sa condition de personnage de fiction. C'est ce qui se passait notamment dans la série Sensational She-Hulk de John Byrne ou dans des films comme Wayne's World ou La Folle Journée de Ferris Bueller quand les héros s'adressent directement aux lecteurs / spectateurs.
 
NDLR : Ceci est l'un des meilleurs films du monde
Vous aurez bien compris que notre héros du jour est bien entendu doté de cette capacité. Il prend souvent le lecteur à partie, fait des références à des épisodes passées ou s'est même déjà permis de revenir plusieurs pages en arrière pour "remonter le temps". De plus, cette capacité lui a permis d'apprendre les identités secrètes de nombreux héros, dont notamment Spider-Man.




#3 : Rien ne se perd

Vous connaissiez l'existence de Hell Cow, la Vache Vampire qui est apparue dans Deadpool Team-up #885 ? Le Dr. Bong, le Morse ou Le Maître des Maléfices ne figurerez pas sur votre liste des super-vilains les plus machiavéliques de l'Histoire ? Vous n'aviez pas la moindre que l'esprit électrique de Benjamin Franklin avait couché avec la petite amie du Docteur Strange ? Vous ignoriez l'existence de Brute Force - l'équipe d'animaux-méchas que Marvel avait tenté de lancer en surfant sur la vague des Transformers - avant de lire Deadpool Bi-Annual #1 ? Vous pouvez remercier Wade.

Nobody puts Hellcow in the corner !

Bien qu'originellement rattaché à l'univers des X-Men (dont il rêve de faire partie), Deadpool a connu tellement d'aventures différentes qu'il en ait naturellement venu à côtoyer les personnages les plus honteux de la Maison des Idées. Le Champion, les Vengeurs des Grands Lacs ou encore Hit-Monkey (Un singe tueur à gages !!! Non mais vous réalisez pas le concept !!!) Chaque nouvelle rencontre lui permet donc de faire ressurgir de vieux dossiers de Marvel et le résultat est toujours des plus comiques.

Toutefois, au-delà du fun des situations et de la preuve de l'humour des éditeurs de la firme (parce qu'il faut quand même de l'humour pour tourner en dérision des personnages dont on a cru au potentiel avant de s'apercevoir qu'en fait ils n'en avaient aucun), cela démontre la connaissance quasi académique que les auteurs possèdent de l'univers dans lequel ils font évoluer leur héros. Rien que pour ça, chapeau bas. Tiens, vu qu'on parle de connaissance...


#2 : Une pop-culture gigantissime !

Malheureusement, notre héros est bien seul entre deux missions et comme la plupart des gens seuls, ils se retrouvent à surfer sur le web ou à regarder la télévision. Cela permet à Deadpool de faire constamment des références au cinéma, aux personnalités et aux différents memes et autre buzz dont certains qu'il a fini par lui-même faire l'objet.

Déjà très drôles en eux-mêmes ces clins d'oeil s'accompagnent souvent de moments nostalgiques partagés entre le scénariste et son public de trentenaires désoeuvrés. En effet, comment ne pas sourire quand - alors qu'il affronte des vampires - Deadpool leur parle des Frères Frog de Génération Perdue ? Comment ne pas se dire "Aaaaah, OK ! Il parle de l'actrice de cette série pourrie qui s'appelait Les Craquantes !" quand on fait une recherche Google Images pour savoir qui est cette Bea Arthur d'après qui il a nommé son vaisseau spatial et pour qui il nourrit une passion... troublante ?
C'est eux les Frères Frog et en plus ils tiennent un comic-shop alors respect

Donc, en plus de parler pop-culture, Deadpool réalise l'exploit de parler de NOTRE pop-culture et c'est énorme. Pourtant, c'est bien moins énorme que notre numéro 1 car...
C'est elle Bea Arthur, vous cassez pas la tête


#1 : IL A DEUX VOIX DANS SA TETE !

Best délire ever ! C'est à l'occasion du numéro #1 du volume 4 de la série Deadpool que le scénariste Daniel Way trouvera ce qui rendra le personnage mythique à mes yeux : les deux voix dans sa tête symbolisées par des cases de pensées de couleurs et de typographies différentes.

Censées symboliser les différentes personnalités du mercenaire, peu de gens ont réussi à savoir laquelle était la Raison ou la Folie tant ces deux personnages sont barrés eux aussi. Et oui, je parle bien de personnages car elles ont leurs propres idées, conversations et ont souvent de longues conversations avec notre héros. D'ailleurs, il leur ait arrivé plus d'une fois de sauver la mise au corps qu'elles habitent, notamment dans Deadpool : Pulp quand elles foutent dehors une nouvelle personnalité qu'un ennemi avait implanté dans l'esprit de Deadpool.
Et elles auraient une relation assez particulière entre elles
Malheureusement, les voix ont disparues et ont même trouvé une explication Retcon quand on a appris que c'était une partie du corps du super-vilain Madcap qui avait fusionné avec Deadpool qui était à l'origine de ces voix. Je sais que ça fait un peu bizarre de se plaindre dans le numéro du Top 5, mais je continue à penser qu'elles manquent beaucoup au héros depuis le début de la série Marvel Now...

Et vous ? Pourquoi aimez-vous Deadpool ? Qu'auriez vous mis dans votre Top 5 ? Ou alors, pourquoi n'aimez vous pas Deadpool ? C'est vrai quoi ? Regardez Cyrène... elle ne l'a jamais aimé plus que ça...