samedi 29 mars 2014

Review : Captain America - Le Soldat de l'Hiver

La Phase 2 de l'univers cinématographique Marvel revient en force ce mois-ci dans les salles obscures avec Captain America - Le Soldat de l'Hiver, deuxième aventure solo du vengeur à la bannière étoilée. Après un Iron Man 3 que j'avais trouvé bien décevant (mais je sais que le sujet est toujours sujet à polémique) et un Thor - The Dark World plutôt fun et décomplexé, que pouvions nous attendre de ce nouveau métrage ?
 
 
 
Remettons les choses en contexte, le premier Captain America m'avait beaucoup plu de par son côté "old school" puisqu'il était entièrement dédié à la vie de Steve Rogers à l'époque de la seconde guerre mondiale. Du coup, j'avais été un peu déçu par le fait que le personnage soit si fade dans Avengers. On a quand même affaire à un type qui s'était endormi en 1945 pour se réveiller en 2012... un petit choc des cultures aurait été de mise et je ne l'ai malheureusement pas ressenti. Accordons à Joss Whedon et aux scénaristes le bénéfice du doute en se disant que - dans une œuvre aussi dense en terme de personnages - il n'avait pas eu le temps de développer cet aspect de la Sentinelle de l'Amérique. Anthony et Joe Russo auront-ils eu l'idée de nous proposer un Cap en décalage avec le monde qui l'entoure ?
 
- Dis moi Black Widoq C'est qui le mec là dessous ?
- Le dernier qui a eu une bonne idée pour un film Marvel
 
Et bien pas du tout ! Cap a rejoint le S.H.I.E.L.D depuis quelques mois maintenant et semble s'être très bien acclimaté à la vie au 21ème siècle, à l'Internet, à Louis de Funès et à Marvin Gaye (et c'est même pas une blague... c'est d'ailleurs le seul moment drôle du film). Il est plutôt beau gosse, super athlétique mais il aimerait bien que son patron lui fasse un peu moins de cachotteries... parce que c'est pas sympa et pas très patriotique. Manque de pot, c'est à ce moment là que des vilains pas beaux décident de faire la peau au patron qui n'a qu'un œil en ayant recours au terrible tout autant que mystérieux Soldat de l'Hiver. Cap, épaulé de Black Widow,  va devoir remuer tout un fatras de mensonges et de double-jeu afin de sauver les Etats-Unis, la tarte aux pommes et le capitalisme sauvage.
 
- Je pense que Cap ne va pas bien, mais alors pas bien du tout Directeur Pierce
- Expliquez-vous Nick.. Vous m'inquiétez là
- Et bien, il n'arrête pas de répéter "mes chaussures, mon vélo" en imitant Bourvil
 
 
L'histoire n'a pas besoin d'être plus détaillée en fait. Elle est en effet complexe mais le genre de complexité dont on se fout un peu... comme pour la trilogie Jason Bourne à vrai dire. J'ai eu l'impression de regarder l'adaptation d'un roman de Robert Ludlum en fait... On comprend pas toujours qui est un traitre, qui a menti et pourquoi, mais qu'importe ? Il y a de l'action et je ne doute pas que les vrais fans de Captain America ne mettront pas plus de 2 minutes à repérer le premier traitre.
 
Un indice chez vous
 
Je parlais d'action. On en a plus qu'il n'en faut dans Le Soldat de l'Hiver... vraiment plus qu'il n'en faut. Désolé s'il y a ici des gens qui aiment ça, mais c'est trop... trop long surtout. De plus, aucune de ces scènes ne peut véritablement se targuer d'être originale ou innovante. On a droit à Cap, Black Widow ou le Faucon qui cogne sur des mecs, qui courent, qui sautent ou qui font exploser des trucs. La seule scène qui ne m'a pas rebuté n'est autre que celle qui ouvre le film quand Cap libère des otages sur un cargo... sans doute parce que c'était la plus courte et la plus "réaliste".
 
et aussi parce que j'adore Piège en Haute Mer
 
Par contre, le film regorge de ces moments "faisons un clin d'œil aux geeks, ils adorent ça" et j'avoue qu'encore une fois, c'était trop. On donne des petits rôles à des acteurs de séries connues (Abed de Community, Charles Westmoreland de Lost, Drazic d'Hartley Cœurs à Vif), les auteurs viennent faire des caméos (Stan Lee bien évidemment, mais aussi Ed Brubaker) et on glisse dans les dialogues des références aux autres films du studio... même ceux qui ne sont encore qu'en projet. Je sais que les exécutifs doivent être persuadés qu'on mouille nos culottes à chaque référence qu'on sera les seuls à comprendre dans la salle mais je suis sur que je ne suis pas le seul à en avoir marre de guetter chaque ligne de dialogue en me disant "Si je comprends pas la prochaine référence ça veut dire que je ne m'y connais pas"....
 
D'ailleurs il s'appelle Steven ou Stephen ? Je sais plus à force...
 
Finissons avec le casting ! On retrouve pas mal d'acteurs du premier volet et des autres films de l'univers Marvel et tous sont à peu près au même niveau de prestation que dans les autres films... d'ailleurs j'aimerais savoir s'il existe un vêtement qui ne rende pas Scarlett Johanson sexy comme l'enfer ? ... Attardons nous donc sur le petit nouveau : Anthony Mackie alias Sam Wilson alias Le Faucon (je ne compte pas Robert Redford... il est venu faire du Robert Redford et c'est à peu près tout). L'acolyte ailé de Steve Rogers s'en sort plutôt pas mal en fait. Bien entendu son temps de présence à l'écran n'est pas des plus faramineux mais il arrive à être plus intéressant que ce fameux Soldat de l'Hiver qui donne son nom au film (ça vient peut  être du fait que Le Faucon a plus de trois lignes de dialogue) et beaucoup plus intéressant que sa version dessinée qui - et je n'ai plus honte de l'avouer maintenant - est à mon sens l'un des personnages les moins intéressants de l'univers Marvel, juste un faire valoir... un sidekick...
 
Mais au moins Cap a un sidekick qui a de la classe
 
C'est donc une nouvelle déception sur grand écran pour ma part. Je venais voir un film de super-héros et j'ai vu un film de super-espion high tech qui ne remplit que trop brièvement les promesses qu'il avait pu faire. Rendez-vous cet été pour Guardians of the Galaxy et croisons les doigts pour que les studios nous fassent un bon film une fois sur deux.
 
Le paragraphe qui suit ne sera PAS consacré à la scène post-générique mais à celle qui apparait au milieu du générique parce que visiblement les studios Marvel ont du se dire qu'on en avait marre d'attendre... De toutes façons, je spoile...
 
Je n'ai même pas envie d'en parler... Vous avez pas l'impression que depuis quelques films, ce sont les scènes post-génériques qui nous en donnent le plus pour notre argent. C'est comme si on allait voir un film décevant juste pour avoir un aperçu du prochain film qui sera tout aussi décevant mais devant lequel on restera en attendant l'aperçu du prochain film...
 
Je sais que c'est dangereux, mais moi je veux faire des bébés à la Sorcière Rouge
 


mercredi 26 mars 2014

V.O-Day : Daredevil vol.4 #1 (Marvel Comics)

Relancé à l'occasion de All-New Marvel Now (le relaunch du relaunch de Marvel), Matt Murdock alias Daredevil revient dans son propre titre après une interruption de très courte durée. Souvent oublié mais jamais vraiment détruit, l'Homme Sans Peur a toujours été un personnage important de l'écurie Marvel. Il est passé par bien des phases au cours de sa carrière et même si certaines ont été particulièrement médiocre, d'autres ont tout bonnement confiné au génie (les runs de Frank Miller et Brian Michael Bendis notamment). L'annonce de l'arrivée de DD dans l'univers cinématographique Marvel à l'occasion d'une série sur Netflix a-t-elle inspiré la Maison des Idées pour nous fournir une nouvelle série de qualité ?
 
Vous trouvez ça beau ? Attendez de voir la suite !
 
Démarrant pour la quatrième fois au numéro 1, cette nouvelle série vient marquer le cinquantième anniversaire de la naissance de l'avocat aveugle. Un événement auquel j'ai décidé d'apporter ma contribution. En hommage au personnage, cet article vous sera entièrement présenté en "Andréa-Bocceli-Vision" pour une plus grande immersion dans l'univers de notre héros.
 
Quant te partiro :)
 
La première constatation positive à la lecture de ce "first issue", c'est que le relaunch ne s'est pas accompagné d'un reboot. Nous retrouvons donc Matt là où nous l'avions laissé dans Daredevil vol.3 #36. Viré du barreau de New-York à la suite de la révélation de son identité secrète, notre héros se voit contraint de retourner à San Francisco, une autre ville où il a travaillé auparavant (pour les puristes, c'était à la toute fin des années 70 dans les épisodes 81 à 124 de sa première série).
 
Be sure to wear some flowers in your hair !
 
Reconnu publiquement comme justicier masqué, c'est sous son identité civile que Tête à Cornes aide la police dans la recherche d'une petite fille kidnappée, avant d'enfiler son costume pour aller la tirer des griffes des malfrats bien trop high-techs pour être honnêtes. Bien entendu, rien ne se passera aussi bien que prévu et on sent déjà poindre la tête d'une conspiration que l'Homme Sans Peur va devoir demêler.
 
Et la déméler à grand coup de tatanes de préférence !
 
Ajoutez à cela l'absence troublante de Foggy Nelson (l'associé et meilleur ami de Matt) et vous aurez un premier numéro qui tient ses promesses. On voit que l'auteur - Monsieur Mark Waid, excusez du peu - sait où il veut aller et il nous le montre d'emblée sans pour autant négliger les incontournables du genre :
- présenter le personnage
- revenir sur les origines de ce personnage
- fixer le supporting cast (les personnages secondaires...)
- donner un ton à la série
 
Ci-dessus : l'exemple parfait d'une série qui n'a jamais trouvé de ton
 
Et le ton est plutôt bien donné ! Les dessins de Chris Samnee ont vraiment du style. Je parle assez peu souvent des encreurs dans mes reviews, mais ici, je pense que le boulot de Javier Rodriguez est excellent et réhausse si tant est que cela était possible le trait de Samnee. On est assez proche du travail d'un Francavilla (revoir la review de Black Beetle pour en savoir plus) avec des planches surdécoupées, des visages aussi anguleux que charismatiques et des couleurs criardes dans un genre "pop-art-hypnotique" très 70's à mon sens.
 
Cette planche par exemple... Si vous la fixez bien longtemps, je suis sur que vous allez avoir la tête qui tourne
 
Comme tout relaunch qui se respecte, Daredevil #1 tient toutes ses promesses. Le souci... c'est que cet état de grâce tient souvent aux auteurs à l'origine de ce même relaunch qui s'en vont souvent après quelques numéros seulement. Toutefois, espérons que cela n'arrivera pas ici et souhaitons encore 50 années de prospérité au Diable de Hell's Kitchen... du Chinatown de San Francisco.


jeudi 20 mars 2014

En mode Super-Castor : Lex Luthor : un président normal... et chauve !

Amis fans de scandales politico-sexuels, afficionados des affaires douteuses dans les hautes sphères du pouvoir, cet article est fait pour vous ! En cette période d'échéance électorale et à la veille de la sortie de Batman - Cataclysme chez Urban Comics, revenons sur l'une des pages les plus inattendues de la vie de l'univers DC : l'élection de Lex Luthor à la présidence des Etats-Unis.
 
 
 
Répondons tout d'abord à la première question que tout sidekick normalement constitué doit être en train de se poser : comment un super-vilain connu et reconnaissable a-t-il pu accéder au rang d'homme le plus puissant du monde libre ? A-t-il truqué les urnes ? A-t-il fait voter les morts ? Les bulletins de vote n'ont ils pas été compris par les habitants de Floride ? Rien de tout cela... Il a gagné à la loyale et le plus légalement du monde.
 
 
 
Cette élection surprise a principalement reposé sur deux facteurs :
- L'incapacité du précédent gouvernement à gérer la "crise de Gotham" (événements narrés justement dans Cataclysme). C'est assez ironique quand on saura plus tard que c'est Luthor qui est à l'origine de cette crise.
 
 
 
- La totale amnistie dont il a bénéficié pour ses crimes passés. Il lui a en fait suffi d'expliquer au monde qu'il avait été remplacé par un clone maléfique créé par le Projet Cadmus (pour plus d'informations sur Cadmus, vous pouvez relire La Mort de Superman).
 
On appelle cette technique le "Wasn't Me"
 
L'un dans l'autre, le mandat de Luthor ne s'est pas si mal passé. Il a aidé à la reconstruction de Gotham, coordonné les efforts des super-héros et des forces armées au cours de l'event Our Worlds at War (une invasion extra-terrestre dont il avait la connaissance avant même qu'elle n'arrive), négocié des deals secrets avec Darkseid pour obtenir de la technologie d'Apokolips... Tout ça en trois ans.
 
Quand d'autres sont incapables de passer leur permis moto
 
C'est malheureusement à partir de là que les choses se gâtent. Luthor accuse Superman - qui avait pourtant interdit à ses copains de la Justice League de tenter quoi que ce soit contre le président - d'être responsable de l'approche d'un astéroïde de kryptonite. Il place alors une récompense d'un milliard de dollars sur la tête de l'homme d'acier.
 
"Trop bon, trop con" comme on dit
 
Une armée de super-vilains et de héros acquis à la cause de Luthor pourchassent donc le héros, accompagné de Batman pour l'occasion. Les deux compères parviendront néanmoins à infiltrer la Maison Blanche, affronteront un Luthor dopé au Venin (le sérum qui donne sa force à Bane) et vêtu d'une armure de combat venant tout droit des armureries de Darkseid.
 
 
 
Pris par son combat, le vilain tombera alors dans le cliché classique du "je vous révèle mes plans pendant que vous cherchez un moyen de me vaincre". Cette confession sera intégralement filmée par Batman qui la diffusera dans le monde entier, mettant ainsi fin à la carrière politique de Lex. Vous parlez d'une façon idiote de perdre son job...
 
Ca vaut mieux que de perdre toute crédibilité
 
 
Bizarrement, cette période de l'histoire des Etats-Unis restera sans véritable conséquence durable dans l'univers DC. Il n'est cependant pas idiot de penser que ce story-arc en aura inspiré d'autre : l'arrivée de Norman Osborn à la tête de la Sécurité Nationale lors du Dark Reign de Marvel par exemple.
 
P.S : Pour celles et ceux qui aimeraient en savoir plus sans prendre la peine de lire une bonne cinquantaine de comics, je ne peux que vous conseiller de regarder Superman-Batman : Public Enemies, film d'animation DC (donc de bonne qualité) qui s'inspire de ces événements.
 


mercredi 12 mars 2014

Review : Happy (Delcourt)

Ce qui est tip top dans le fait d'être un blogueur indépendant, c'est que je n'ai pas à obéir à un quelconque calendrier. C'est pour cette raison que je vous parlerais aujourd'hui d'un album sorti en Septembre dernier et qui se paie le luxe de se doubler d'un conte de Noel urbain, noir, glauque, qui sent la pisse, le vomi et le sang... Les Sidekicks... je vous offre... Happy !
 
Enfin... vous offrir... je vais vous le montrer au moins
 
 
L'histoire ressemble à celle de n'importe quel buddy-movie. Deux personnages que tout oppose s'allient pour faire triompher le bien et la justice. Sauf que nos deux héros sont Nick Sax, ex-flic ripou devenu tueur à gages et Happy, une licorne volante et bleue, ami imaginaire d'une petite fille, que seul Nick peut voir et entendre. Et ici "faire triompher le bien et la justice" consistera à sauver Hailey - la petite fille qui a imaginé Happy - des griffes d'un tueur d'enfants déguisé en Père Noel.
 
 
Ajoutez à ce pitch improbable un mafieux à la recherche d'un mot de passe que Nick détient, une équipe de tortionnaires, des flics pas très nets, des toxicos, des serials killers sérieusement fêlés de la cafetière et une angélique prostituée... et vous aurez une petite idée de l'univers dans lequel Grant Morrison va vous entraîner et vous entrainer jusqu'au fond !
 
Fêlé de la cafetière qu'on vous disait... troué même !
 
Il n'y a pas ou peu de rédemption possible dans l'univers de Happy ! L'innocence est une espèce encore plus en voie d'extinction que les licornes bleues et personne n'a l'air d'avoir envie de la sauver. La descente aux enfers de Nick, son passage d'homme respectable à pourriture de compétition en ait la preuve ultime. Pas de chocs traumatiques, pas de pertes douloureuses... juste la déliquescence d'un homme fatigué d'en voir trop. La violence est omniprésente sous les crayons de Darrick Robertson (qui a déjà The Boys et Transmetropolitan à son actif niveau représentation de situations glauques) et le personnage d'Happy, cartoony à souhait, tranche littéralement sur les eczémas purulents, les cervelles arrachés et les tâches de secrétions corporelles. Ou quand Qui veut la peau de Roger Rabbit ? rencontre The Bunny Game ...
 
Qu'est ce que "The Buny Game" ? Un film que je ne peux que vous déconseiller...

N'allez cependant pas croire que ce comics est vulgaire et trash pour le plaisir d'être vulgaire et trash. Je n'irais pas jusqu'à dire que chaque "putain" ou "merde" est justifié, mais les grossièretés sont un moyen d'expulser la tension. C'est une putain de vie de merde ? Oui ? Alors autant le dire !
 
Et en plus, le Père Noel est un connard !
 
Malgré une fin attendue et convenue (une seule véritable surprise dans le dernier chapitre), Happy ! reste une bonne surprise. Une surprise pleine de tripes certes (je commence d'ailleurs sérieusement à me poser des questions sur l'obsession des auteurs britanniques pour l'hyper-violence et les situations malsaines) mais un cadeau de Noel tient autant à son emballage qu'à ce qu'on y trouve, non ?
 
 
Désolé, mais j'ai comme qui dirait une folle envie d'innocence et je m'en vais retrouver MON ami imaginaire... qui s'appelle Happy aussi par le plus grand des hasards. A la prochaine les Sidekicks !
 
Et oui... j'étais obligé de la faire celle là