samedi 30 janvier 2016

Retro Review : Superman - Man of Steel (Semic)

Existe-t-il héros plus controversé que Superman ? Le "Grand Bleu" a beau être l'ancêtre de tous les héros moderne, on l'enfonce à coups de noms d'oiseaux tels que "Boy-scout" et d'histoires peinant de plus en plus à nous rappeler sa grandeur passée.


C'est d'ailleurs de cette grandeur passée que nous allons parler aujourd'hui. En 1986, après que Crisis on Infinite Earths eut fini de se déchaîner sur le multivers DC, il fut demandé à différents artistes de moderniser les origines des plus grands héros de la firme (ce fut par exemple à cette époque que Frank Miller signa le mythique Batman - Year One). John Byrne se vit confier le nouveau destin du Dernier Fils de Krypton, ce à quoi il s'attela dans la mini-série Man of Steel qu'il scénarisa et dessina lui-même.


Des derniers jours de Krypton jusqu'à la découverte de ses origines, chacun des six chapitres de l'album nous présente une période différente de la vie du héros. L'apprentissage de ses pouvoirs, la création de son identité secrète, sa première apparition publique... Chaque épisode permet également de retrouver les amis, alliés et ennemis du héros.


Martha et Jonathan Kent, Lois Lane, Perry White et même Batman restent cependant fondamentalement inchangés par rapport à leurs versions pré-Crisis. La nouveauté viendra cependant des vilains de l'histoire et notamment de sa némésis : Lex Luthor. Sous la plume de John Byrne, celui qui n'avait été jusque là qu'un savant fou comme ils en existaient tant d'autres devient un mégalomane milliardaire dont les agissements criminels restent dans l'ombre et qui se donnent pour mission de reprendre "sa" ville à ce surhomme tombé du ciel.


C'est d'ailleurs cette version de Luthor que beaucoup connaissent aujourd'hui. De même, l'auteur/illustrateur révolutionnera la mode et l'architecture Kryptoniennes de manière si talentueuse que son héritage perdure encore dans toutes les adaptations - tant animées que cinématographiques - qui ont suivi.


Man of Steel est un récit-hommage à la quintessence de Superman. Tout ce qui fait que Superman est Superman se trouve dans cet album : les poses héroïques, l'humour bon enfant, le patriotisme sous-jacent... C'est là que j'ai compris ce que les gens reprochent à Superman : le fait qu'on ne puisse rien lui reprocher.
 
Par contre, il y aurait tant de choses à dire sur la coiffure de sa mère...
Superman, c'est le premier de la classe. Il est même plus que ça. Un humoriste - auquel j'aurais préféré ne jamais faire allusion sur ce blog - pourrait dire qu'il est "le blond" des super-héros. Il est le plus fort, le plus intelligent, le plus gentil, le plus intègre... N'importe quelle fille pourrait présenter Clark Kent à ses parents tellement il est le gendre idéal. Il est l'être que les autres super-héros aspirent à devenir, celui qu'il voudrait être. Il n'a pas besoin d'être en adéquation avec son époque, mais c'est plutôt à l'époque de s'inspirer de son idéalisme désuet.


Dans une société où le cynisme et l'individualisme règnent, la morale de l'Homme d'Acier - bien que très "américano-américaine" - est un point de repère vers lequel tout à chacun devrait tendre. A cet égard, le caractère intemporel de Man of Steel est ce qui en fait, à mon avis, un comics incontournable pour tous ceux qui ont envie de se rappeler ce petit truc en plus qui change les héros en "super"-héros.

 

samedi 23 janvier 2016

Review : Doctor Who Classics (French Eyes)

Il n'y a rien de plus exigeant qu'un geek... Je me souviens du jour où French Eyes a annoncé qu'il publierait les comics Doctor Who. Le premier tome avait à peine été publié que chaque fan y allait de ses désidératas propres : "Allez vous sortir telle saga ?" "Le crossover avec Star Trek TNG est il prévu ?" etc... Toutefois la demande - à laquelle je me suis joint - la plus fréquente et la plus vive demandait la publication de Doctor Who Classics.



Notre voeux a été exaucé ! Après une campagne de financement participatif, French Eyes a enfin pu nous donner ce que nous réclamions à corps et à cris. Ce premier volume nous propose donc quatre aventures du 4ème Docteur (interprété par Tom Baker... le Docteur à l'écharpe pour ceux qui - comme moi - n'ont pas la mémoire des noms) qui furent originellement publiées dans Doctor Who Magazine avant une réédition chez IDW et l'apparition de quelques omnibus chez Panini (en VO uniquement).


La première aventure, La Légion de Fer propulse le Seigneur du Temps dans une réalité parallèle (c'était beaucoup plus facile à l'époque) où l'empire Romain a conquis la galaxie à l'aide d'une armé de robots. Puis, dans La Cité des Damnés, il s'aventure dans une mégalopole où les sinistres Modérateurs ont banni toutes les émotions et se battra au côté de la résistance. Pour finir, il reviendra sur notre bonne Terre où il devra protéger La Bête des Etoiles, alias le Meep, un alien aux allures de jouet en peluche, contre les terribles guerriers Wrarths. Ajoutez à cela Glissement de Temps, un récit en deux parties où le TARDIS joue au yoyo temporel dans la gueule d'une méduse galactique et vous aurez un sommaire plus qu'alléchant.


Si certains ont pu décrire les aventures du Docteur comme des récits gentillets de science-fiction, ils seront surpris du mélange des tons que proposent les différentes histoires de cet album. Les scénarii de John Wagner de Pat Mills oscillent tous entre humour bon enfant et violence extrême. Les bons mots de notre héros et son attitude désinvolte sont autant de sourires au milieu d'intrigues définitivement sombres où les "méchants" ne sont pas les seuls à succomber dans la souffrance et où sont abordés des thèmes tels que la dictature, le libre arbitre ou le règne des apparences.


Une ambiance qui est en parfaite corrélation avec la production britannique de l'époque. D'ailleurs, il n'est pas étonnant de trouver la plume de John Wagner dans ces histoires, le scénariste ayant également sur Judge Dredd, une autre série britannique qui, sous couvert de science-fiction, dénonçait les travers de la société de la fière Albion à l'époque de Margaret Thatcher. D'ailleurs, on aurait très bien pu imaginer Morris le cyborg gladiateur ou certains rebelles des émotions aux prises avec le Juge de MegaCity One.

L'autre bonne surprise de ces épisodes tient en la présence de l'illustre Dave Gibbons au dessin. L'artiste mondialement connu pour avoir travaillé sur Watchmen, nous propose ici des planches très 70's. Batailles galactiques, robots, cyborgs et autres créatures venues de mondes inconnus... toutes ces bizarreries peuplent les pages du volume comme autant d'hommages aux effets spéciaux et aux costumes délicieusement de la série télévisée.


En conclusion, tout véritable Whovian qui se respecte doit avoir Doctor Who Classics dans sa bibliothèque. Le media n'a beau pas être le même, l'esprit de la série reste inchangé. De même, tout fan de comics et de SF se doit de posséder cet album tant il est beau et agréable à lire. Il ne nous reste plus qu'à souhaiter que French Eyes aura l'occasion de nous faire découvrir de nouvelles aventures classiques de l'homme dans la boîte bleue, mais si vous avez suivi les conseils donnés un peu plus haut, ça ne devrait pas être un problème.

samedi 16 janvier 2016

Review : Providence (Panini Comics - Fusion)

Cinq ans après l'excellent Neonomicon, Alan Moore est à nouveau rejoint par Jacen Burrows et ses crayons pour une maxi-série ambitieuse inspirée une nouvelle fois par l'ombre de H.P Lovecraft. Quand on connait la passion du barbu de Northampton pour la magie, l'étrange et l'occulte, on ne peut que se dire que l'oeuvre dont il va accoucher va être épique, protéiforme et dantesque dans ses références... Providence, dont le premier tome vient de sortir en France alors que la publication américaine est toujours en cours, comble toutes ces attentes !



L'histoire est celle d'un voyage... celui de Robert Black, jeune reporter New-yorkais dans l'Amérique de 1919 qui cache à son entourage le fait qu'il soit juif et gay. Suite au suicide de son amant il rencontre un occultiste qui lui parle d'un pays à l'intérieur de son pays. Une société dans la société qui donne à Robert l'envie de plaquer son boulot et de recueillir des témoignages dans l'Amérique profonde dans le but d'écrire un livre.
 
Pourquoi un seul personnage fait de la buée quand il parle ?
Un livre qui rend fou, un trio de vieux bonhommes faisant le commerce de flacons mystérieux, un fermier qui a fait un enfant à sa fille pour donner corps à une créature nommé le Rédempteur... Robert sombre de plus en plus dans une horreur indicible tout en passant toujours à côté. Candide, l'apprenti écrivain ne verra jamais les aspects les plus terrifiants de son odyssée ou les considérera comme de simples hallucinations, même quand sa propre vie sera en danger.
 
Ou la dignité d'une jeune paysanne
Profondément ancrée dans l'oeuvre de Lovecraft, Providence (d'ailleurs le titre est une référence à la ville de Providence, Rhode Island où Lovecraft naquit et fut enterré) balade donc son héros dans les décors qui ont inspiré le maître américain de l'horreur. Connaître la bibliographie du père du mythique Cthulhu devient alors un pré-requis pour quiconque voudrait saisir le comics dans son entièreté.



Ainsi, le Docteur Alvarez - qu'une étrange maladie oblige à vivre dans un appartement réfrigéré - est l'équivalent Mooresque du Docteur Munoz de la nouvelle Cold Air. De même, le détective Tom Malone qui apparait au début du deuxième chapitre n'est autre que l'un des personnages de The Horror at Red Hook.



Si l'on peut penser que l'intrigue reste simpliste - le protagoniste passant d'une ville à une autre pour interviewer une personne qui va le mener à la prochaine étape de son voyage - posséder les références dont Moore jalonne son récit permet de saisir la véritable note d'intention de la série : rendre un hommage vibrant et complet à l'une des figures emblématiques de la littérature fantastique.
 
Et je clos la boucle sur Alvarez / Munoz
Si le travail d'Alan Moore a été avant tout un travail de recherches, Jacen Burrows fournit quant à lui des planches au découpage très cinématographique. Beaucoup de cases sont allongées sur toute la largeur de la page, dans un espèce de format assez cinémascope. L'action, ou du moins l'élément important de chaque case, se situe ainsi au milieu de l'image, s'offrant ainsi pleinement au regard du lecteur.



Le dessinateur nous offre également certains gimmicks intéressants comme ses flashbacks sépia qui nous dissimulent constamment l'identité d'un des personnages présents dans les diverses scènes. Pas particulièrement fan de son rendu des visages humains, que je trouve trop lisses, son sens de la mise en scène a fini par me faire complètement oublier ce désagrément.



En résumé... On ne crache jamais sur un nouvel opus d'Alan Moore et Providence nous rappelle de la plus belle des manières que le grand barbu a encore beaucoup d'histoires à nous raconter et de sagesse à partager avec nous.

 

samedi 9 janvier 2016

Review : Spider-Gwen Tome 1 (Panini Comics)

Elle s'appelait Gwen Stacy elle n'avait pas 20 ans
Sa vie c'était Peter, rêves et nuages blancs
Mais Norman Osborn en avait décidé autrement
Elle avait les yeux clairs et elle avait ton âge
C'était une petite fille sans histoires et très sage
Mais elle n'est pas née comme toi ici et maintenant 


Comme toi, comme toi et comme toi aussi cher Sidekick, j'ai été attristé par la mort de Gwen Stacy. Alors même qu'elle était enterrée depuis des lustres quand j'ai commencé à lire des comics, j'ai toujours eu de la sympathie pour le premier grand amour de Peter Parker.
 
Allez-y les enfants, je vous regarde...
C'est dingue de voir à quel point un personnage qui n'a été présent que pendant 8 ans dans les comics (entre 1965 et 1973) a su entrer, puis rester, dans la légende et conquérir le coeur de millions de fans. Car plus de 40 ans après sa mort, le personnage fait toujours autant partie de la mythologie de Spider-Man au même titre qu'un Oncle Ben.
 
Et complètement à l'inverse d'une Deathcry
Pourquoi ? Parce qu'en plus d'avoir été le premier véritable amour de notre Tisseur, Gwen en a aussi été la seconde victime. Ayant déjà laissé mourir son oncle par refus d'arrêter un cambrioleur, Peter s'était juré que plus personne ne mourrait par sa faute. Hélas, il n'a pas pu tenir cette promesse lorsqu'un de ses jets de toile arrêta la chute de sa dulcinée - qui avait jeté du pont George Washington par le Bouffon Vert - de manière trop brusque et lui brisa la nuque.
Ce "SNAP" qui a traumatisé des générations de lecteurs

Pouvez-vous imaginer le choc pour le lecteur de l'époque ? Habitué à voir les héros se sortir de n'importe quelle situation périlleuse, il assistait impuissant à la mort de la petite amie du héros... mort provoquée (bien que ça ne fut révélé que plus tard, on a tenu plusieurs mois sur le "Elle était morte de peur avant même d'avoir touché l'eau") par ce même héros. Il n'en fallait pas plus pour que le pathos de la situation propulse la fille chérie de George Stacy au firmament des plus grands personnages de la Maison des Idées.


Nombreux furent les scénaristes qui essayèrent alors de la ramener d'une façon ou d'une autre : clones, enfants cachés qu'elle aurait eu avec Norman Osborn, voyages dans le temps... mais rien n'y fit. Le lectorat qui avait tant pleuré sa mort refusait qu'on la ramène sous un prétexte fallacieux.
 
Ne parlons plus jamais de cet épisode
Puis vint Spider-Verse... La grande saga opposant les Spider-Men d'une dizaine de mondes alternatifs à un clan de chasseurs vampires fut l'occasion de découvrir Spider-Gwen et le coeur du lectorat fit un bond : c'était elle que nous attendions. L'engouement fut tel que Marvel offrit sa propre série à la tisseuse blonde.


Situé donc dans un univers parallèle, ce premier tome nous emmène donc à la rencontre d'une Gwen qui fut mordue par une araignée radioactive. Devenue une super-héroïne sous le nom de Spider-Woman (bah oui... Spider-Gwen c'était un peu trop flag), elle affronte les criminels de New-York.


Mais l'identité de la personne sous le masque n'est pas la seule chose qui change dans ce nouvel univers. Pourchassée par les hommes de son père, le commissaire George Stacy, la jeune fille aura toutes les peines du monde à se défaire du Lieutenant Frank Castle, un flic aux méthodes expéditives délaissant femme et enfants pour faire la chasse aux criminels.


Si vous ajoutez à cela Matthew Murdock - l'avocat et homme de main sans scrupules du Caïd - et le Vautour, vous comprendrez que la belle n'a guère de temps à consacrer au groupe qu'elle a fondé avec ses amies Mary-Jane Watson et Glory Fox. De plus, la mort du petit ami de Gwen - Peter Parker - l'affecte toujours terriblement et elle aura bien besoin des conseils et de l'affection des tuteurs de son amour disparu : Tante May et Oncle Ben.


Vous l'aurez compris, Spider-Gwen retourne avec plaisir et délectation l'univers de Spider-Man. Comme pour toutes les séries situées dans des univers alternatifs (Age of Apocalypse, Mutant X, Spider-Girl...) les aficionados chercheront les références et différences entre ce monde et celui auquel ils sont habitués.
 
I see dead people
De plus, le scénariste Jason Latour place son histoire dans un univers girly et flashy plein d'humour dépeint avec justesse par les dessins de Robbi Rodriguez dont le style me fait beaucoup penser à du Jeff Stokely ou du Sean Murphy. Son style est fluide et filiforme, comme un graffiti et il n'est pas étonnant que cet art soit très présent dans l'intrigue et l'univers qu'il dépeint.


Cependant... bien que je lui reconnaisse de nombreuses qualités, Spider-Gwen n'est pas MA Gwen. Tout lecteur a certaines images d'Epinal dans les tréfonds de son esprit et, pour moi, Gwen Stacy était une jeune femme forte et sûre d'elle. Elle n'avait pas autant besoin de Peter que Peter avait besoin d'elle. Du coup, la voir se morfondre sur sa mission et ce qu'elle lui coûte n'est pas pour moi ce qu'aurait fait LA Gwen Stacy, mais cela n'est que mon opinion personnelle.


Il n'en reste pas moins que la série se lit plutôt bien et peut à la fois s'adresser aux lecteurs novices de chez Marvel comme aux vieux briscards. Le 100% Marvel que propose Panini contient les 5 épisodes de la première série et il y a fort à parier que le reboot de Secret Wars ne nous empêchera pas de retrouver cette nouvelle héroïne arachnéenne quand les Beyonders auront décidé de laisser notre continuité tranquille.