lundi 15 février 2016

Review : Evil Empire - Nous le Peuple (Glénat Comics)

Quand la fin du monde commence-t-elle ? A l'heure où le genre post-apocalyptique retrouve ses lettres de noblesse tant dans les comics qu'au cinéma, c'est sur cette interrogation que s'ouvre ce premier tome de Evil Empire. Si l'idée de la fin de toute civilisation ouvre dans nos esprits des images de mondes dans lesquels des groupes de survivants affrontent des hordes de morts-vivants ou des machines tueuses, le comics de Max Bemis offre pour sa part une alternative beaucoup plus humaine, mais également beaucoup plus terrifiante.
Ici, la société a succombé à ses plus bas instincts. Ce fameux empire du Mal annoncé par le titre, ce sont les États-Unis. Une Amérique gangrenée jusqu'à la moelle où la drogue semble devenue aussi légale que la fornication en pleine rue ou même le meurtre. La police est corrompue, les violences aveugles sont aussi quotidiennes que banalisées... Ce futur pas si distant nous est envoyé à la face dès les premières pages de l'album avec cette question : comment les choses en sont elles arrivées là ?
Un début de réponse ?

Retour quelques années en arrière où nous faisons la connaissance de Reese, jeune rappeuse aux textes engagés qui se pose beaucoup de questions sur la course à l'élection présidentielle qui oppose le jeune idéaliste Sam Duggins au conservateur Ken Laramy. Une compétition politique à laquelle Reese se retrouvera mêlée bien malgré elle alors que son respect - et son attirance - pour la ferveur candide de Duggins grandira et qu'une série de tragédies viendra remettre en cause les tenants et les aboutissants de cette échéance électorale. Bien plus qu'un sempiternel débat d'idées, ce sont les principes du Bien et du Mal qui seront au cœur d'une lutte pour les valeurs et l'âme de tout un pays.

Impossible d'en dire plus sur l'intrigue sans vous spoiler un scénario qui vous réserve un lot ahurissant de twists en tous genres. Bemis sait surprendre son lecteur et il y a fort à parier que vous bondirez de votre fauteuil, canapé ou tout autre endroit où vous vous installez pour lire en tournant certaines pages. Ce n'est pas compliqué : chaque début d'épisode (toujours situé 25 ans dans le futur) soulèvera son lot de questions auxquelles viendront s'ajouter les coups de théâtre du Présent.

Sur le fond de son message, Evil Empire m'a fait penser à une espèce de Transmetropolitan inversé. Si l'excellente série de Warren Ellis prônait la remise en question du gouvernement et des institutions pour que l'individu puisse penser par lui même, Bemis utilise les laïus de ses personnages pour montrer que sous le vernis de la civilisation, l'homme moderne n'attend qu'une bonne excuse pour laisser libre cours à ses plus bas instincts.

Même si l'on peut regretter un manque de cohérence et d'originalité dans le dessin, certaines des planches de Ransom Getty sont très agréables à l'œil dans leur découpage. Malheureusement, ces pages restent un peu trop rares à mon goût. Il n'est toutefois pas nécessaire de grandes images quand le scénario en vaut autant la peine et qu'il soulève autant d'implications dans la tête du public. Encore une excellente série pour Glénat qui, je l'espère, ne tardera pas trop à publier les deux prochains tomes (la VO ne comptant que 12 épisodes) tant ce premier volume m'a donné les crocs.

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