lundi 22 février 2016

Review : Daredevil - Le Scoop (Panini Comics)

S'il est bien un scénariste que j'ai vu s'en prendre plein la tête au cours des derniers mois, il s'agit de Brian Bendis. Avec un run pour le moins discutable sur les séries mutantes de chez Marvel - malgré des idées de départ plutôt cools - le cerveau derrière les premières sagas de Ultimate Spider-Man et surtout le créateur de la génialissime série Powers  est vite devenu persona non grata chez les fans de comics et même l'annonce de sa venue dans de grandes conventions soulevait plus de diatribes enflammées contre ses histoires que de cris de joie.

Redorons un peu le blason du sieur en célébrant la réédition de son run sur Daredevil dans la ligne Marvel Select, après une première publication en Marvel Deluxe qui a fait les beaux jours des porte-monnaies des collectionneurs les plus portés à la la spéculation. Ce premier volume regroupe donc les épisodes 26 à 37 du deuxième volume des aventures du diable de Hell's Kitchen.

Suivant les épisodes de Kevin Smith et de David Mack, Bendis nous présente un Daredevil encore hanté par la mort de son ancien flirt, Karen Page, des mains de Bullseye. C'est ainsi affligé psychologiquement qu'il devra faire face à une tentative d'assassinat dirigé contre son alter-ego civil, Matt Murdock.

Car de nouvelles forces s'assemblent dans l'ombre contre l'Homme Sans Peur. Un gangster du nom de Silke vient de rejoindre les rangs des sbires de Wilson Fisk et se verrait bien Caïd à la place du Caïd. Troublé par l'interdiction de faire le moindre mal à l'avocat aveugle, le jeune affranchi mènera son enquête et découvrira le secret qui lie Tête à Cornes et le roi du crime de la Grosse Pomme : l'identité - pas si - secrète du héros. Une information qu'il utilisera dans un premier temps pour tenter de s'emparer de l'empire de son patron avant de monnayer l'info aux fédéraux lorsque ces plans de conquête tomberont à l'eau.


Si Frank Miller est bien entendu l'auteur des histoires les plus marquantes de l'histoire de DD, force est de constater que Bendis lui tient la dragée haute ici. Digne d'un film noir, ses histoires et ses dialogues sont autant de petites perles sur lesquelles ne cracheraient pas un Martin Scorcese de la grande époque. Certaines scènes sont aussi tout simplement Shakespeariennes, à l'instar de la mise à mort du Caïd par ses lieutenants qui s'offre ainsi une magnifique référence à Jules César.

Spéciale dédicace à Morrie, Carbone et Frenchy

Ce qui fait également la force de cet album, c'est la façon qu'elle a de traiter le héros. Rongé par la colère d'avoir à nouveau perdu quelqu'un qu'il aime, Daredevil est ici bien plus spectateur qu'acteur des événements qui se produisent autour de lui. De l'ascension au pouvoir de Silke à sa chute le démon sans peur ne saura rien de ce qui se passe avant le dénouement de l'intrigue, se contentant de repousser les assassins qu'on lui envoie. De même, la révélation de son identité à la presse - et le fait que presque tous les sbires du Caïd soient au courant - ne lui laissera pas d'autres choix que de raccrocher les gants sur les conseils de Foggy.


Ajoutez à cela un casting de guests de première classe avec La Veuve Noire, Elektra, Luke Cage et Spider-Man qui viendront prêter main forte à notre héros et la présence des habitués de la série - Foggy, Ben Urich et surtout une Vanessa Fisk bien moins fragile que ce à quoi elle nous a habitués - et vous obtiendrez un volume dense, intense et prenant.


Surtout qu'à ces intrigues s'ajoutent le talent d'un Alex Maleev qui n'avait pas encore la notoriété qui est la sienne aujourd'hui (les épisodes datent de 2002). Le dessinateur crayonne furieusement, encre grassement et use de divers procédés visuels qui donnent à l'ensemble une atmosphère visuelle qui s'accorde parfaitement avec le récit. Point culminant de son art, l'épisode #28 qui faisait partie de l'event 'Nuff Said qui demandait aux scénaristes de toutes les séries de la Maison des Idées de réaliser un épisode sans le moindre dialogue. De quoi pleinement apprécier les talents de l'artiste bulgare.

Avec la sortie imminente d'un deuxième volume chez Panini et l'arrivée de la saison 2 des aventures du héros dans sa série Netflix, il serait dommage de se priver de ses épisodes aussi plaisants qu'incontournables. La preuve, plus de dix ans après leur publication, ce qu'ils ont mis en place continuent à façonner le destin de l'avocat aveugle.




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