mercredi 25 mai 2016

Retro Review : Daredevil - Renaissance (Semic)

Cette chronique remonte à un temps où le temps lui-même n'existait pas, ni les chroniques d'ailleurs : l'époque où Internet n'était encore que l'apanage d'un nombre restreint, une élite qui chattait gaiement sur Caramail, utilisait Outlook pour s'envoyer des mails et pensait véritablement que le prince du Qatar avait besoin de leur argent pour regagner son pays. En ces temps troubles, Semic contrôlait d'une main de fer la publication des comics en France, de la même manière que cyborgs et autres ninjas avaient envahi notre paysage audiovisuel, au point que le visage de Mickaël Dudikoff avaient fini par s'incruster définitivement sur les têtes de lecture de nos magnétoscopes. Chers Sidekicks, bienvenue dans les années 90 !!!

Paru en deux volumes dans la collection Top BD (notez qu'à cette époque, le mot comics n'était que très peu souvent utilise par les éditeurs), Daredevil - Renaissance (Fall From Grace en VO) représente tout le bon et le moins bon de cette décennie. Lancé sur les traces d'un ancien scientifique télépathe devenu SDF, l'Homme Sans Peur se retrouvera bien malgré lui au centre d'une course effrénée pour un virus que le-dit scientifique avait égaré dans les années 60. Le S.H.I.E.L.D, la Mandragore - organisation asiatique parente de La Main - , un démon vaudou sosie de Têtes à Cornes et quelques vilains cherchent en effet à s'emparer de cette maladie pouvant contrôler l'ADN de ceux qu'elle infecte. Au même moment, une journaliste stagiaire aux dents longues pirate l'ordinateur de Ben Urich et découvre le plus grand secret de Daredevil. Heureusement, face à toutes ses galères, il trouvera une alliée en Elektra : son amour de jeunesse ressuscité.



Quand on pense aux runs mythiques de Daredevil, les noms de Frank Miller ou Brian Michael Bendis  sont les premiers qui nous viennent à l'esprit. Personne ne cite Dan G. Chichester ! Pourquoi ? Sans doute parce que cette saga est la chose la plus horrible qu'il m'ait été donné de lire !


Ne vous laissez pas abuser par mon magistral résumé : l'histoire est incompréhensible. La narration saute d'un personnage à un autre, puis d'un moment à un autre sans que l'on sache pourquoi. On pense d'une scène au cours de laquelle DD et Elektra affronte des ninjas à un moment d'émotion entre Matt Murdock et Karen Page avant de repartir dans la mélée. Qu'est ce ? Un flashback ? Une introspection ? Y a-t-il eu deux affrontements entre nos héros et des ninjas ? Personne ne le sait. Certaines scènes sont même tronquées à un moment clé et si vous pensez que c'est un effet de suspens pour nous préparer à une grosse révélation, détrompez-vous... Le scénario ne revient jamais sur ses cliffhangers.


Ce défaut n'en serait probablement pas un si les intrigues parallèles n'étaient pas aussi nombreuses. Je parlais des cyborgs et des ninjas, mais figurez vous que Silver Sable, Venom et Morbius viennent également mettre des bâtons dans les roues de notre héros. Pourquoi ? Parce que c'est l'époque du "dark n'gritty" et les antihéros sont à la mode. Leurs apparitions ne font pas avancer l'intrigue d'un pouce et ils s'en vont avant d'avoir vraiment eu une importance quelconque. Visiblement, il fallait les mettre sur la couverture pour vendre quelques numéros supplémentaires.



Cependant, tout n'est pas à jeter dans Renaissance. Le nouveau costume du Démon Gardien est plutôt stylé, bien qu'il représente aussi le courant plus sombre que les comics suivaient à l'époque. D'ailleurs, les dessins de Scott McDaniel sont plutôt intéressants, bien qu'eux aussi fortement marqués par les 90's (ces décors de réalité virtuelle). Un style sombre et épuré jouant à la fois sur les ombres, les mouvements et les contrastes qui nous aident véritablement à saisir ce que l'histoire avait envie d'être.



Saga aussi symptomatique d'une époque qu'elle est dispensable, Daredevil - Renaissance est loin d'être bonne sans pour autant être mauvaise. Une curiosité à réserver aux plus grands fans du héros de Hell's Kitchen sans doute...


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