vendredi 15 avril 2016

Review : Rumble - La Couleur des Ténèbres (Glénat Comics)

Quand je vous disais que Glénat était l'éditeur à surveiller en ce moment... Après les claques que furent Evil Empire, Lazarus ou Ragnarök, j'attendais avec impatience ce premier tome de Rumble, série originale de John Arcudi et James Harren publiée chez Image Comics. Pourquoi ? Tout d'abord parce qu'Arcudi a été le fidèle complice de Mike Mignola sur nombre de séries du Hellboy-verse et parce que le pitch m'intriguait au plus au haut point.


A l'aube des temps, une guerre fit rage entre les dieux et les monstres. Invincible guerrier du camp divin, Rathraq fut capturé par traitrise lors des derniers jours du conflit et son âme dut attendre plusieurs millénaires avant de recouvrer sa liberté. Possédant le corps d'un épouvantail, le dieu vengeur revient aujourd'hui dans un monde déserté par ceux de sa race et dans lequel les monstres d'antan ont prospéré en secret au sein de la société humaine.


Encore empli de l'envie d'en découdre, Rathraq fera fi de sa nouvelle apparence et saisira de son épée pour retrouver les monstres et obtenir vengeance pour son triste sort. Son chemin croisera celui de Bobby, un jeune barman un tantinet loser, pour qui il se prendra inexplicablement d'affection.


Il manque peu de choses à Rumble pour être un chef d'oeuvre à vrai dire. Un scénario un peu plus original et une certaine régularité dans l'importance de ses scènes. En effet, le premier tiers de l'album se résume quelque peu à "Rathraq arrive, coupe un monstre en deux... et on enchaine sur une scène qui n'a rien à voir et qui va rester cryptique pendant encore quelques temps". Dommage quand tout le reste de la saga démontre un véritable potentiel.



Notamment dans le coup de crayon fluide et fuyant de James Harren. Sa galerie de créatures est, à n'en point douter, fascinante : hydres, démon de feu et autres créatures ailées ont un look original à la fois rétro et novateur. De même l'alternance entre les décors majestueux et mystérieux que l'on aperçoit dans les flashbacks de l'époque où les dieux foulaient la Terre s'opposent clairement aux immeubles délabrés et couverts de graffitis et au parc d'attraction tombé en décrépitude de notre monde actuel : ou comment une civilisation sur le déclin parait plus noble que celle qui est censée être à son apogée.



C'est justement dans ces contrepieds que même la thématique de l'album devient intéressant. J'ai trouvé le scénario aussi convenu qu'une blague des Grosses Têtes, mais Arcudi parvient néanmoins ça et là à disséminer un élément de surprise. La relation entre l'âme du noble guerrier qui cherche à récupérer son corps et le loser désabusé qui n'a pas plus envie que ça de trouver son âme ne s'orientent pas dans la direction à laquelle on peut s'attendre.


Sorte d'ode à une certaine noblesse de la violence, Rumble bénéficie néanmoins de dialogues dans lesquels l'épique le dispute à l'humour, notamment via le personnage de Del, le coloc redneck de Bobby qui se prend pour un Conan urbain dès que Rathraq rentre dans leur vie sans jamais pouvoir effacer sa bêtise crasse. De même la philosophie de comptoir de Bobby qui semble plus intéressé par sa vie amoureuse que par les découvertes qu'il a fait sur le monde qui l'entoure vaut son pesant de cacahuètes.


En conclusion, même si j'ai du mal à adhérer à 100% à Rumble, l'album démontre quand même que la série en elle-même mérite d'être suivie, ne serait-ce que pour savoir si ce terreau d'idées saura faire germer les graines de la grandeur qui y ont été plantées. Une information que je me ferais un plaisir de vous communiquer dès que j'aurais moi-même la réponse.

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