vendredi 8 avril 2016

Review : Big Man Plans (Delcourt)

Si vous retournez cet album, vous verrez la mention "Pour Lecteurs Avertis" dans son panneau rouge. A une époque où des enfants de 11 ans parlent sans aucune pudeur du dernier épisode de The Walking Dead dans lequel un personnage se fait déchiqueter par une meute de mort-vivants sous l'oeil concupiscent de la caméra ou demandent à leur gentille - bien qu'ignorante - maman de leur offrir le dernier tome de Kick-Ass, on pourrait penser que ce terme est galvaudé. Ne vous y trompez pas, Big Man Plans n'est pas du tout à mettre entre toutes les mains.
 
Mais on ne peut pas empêcher certains parents d'être des idiots...
C'est à peine remis de la lecture d'un treizième tome de The Goon qui prend véritablement aux tripes que je me suis lancé dans la lecture de cette mini-série en 4 épisodes signé Eric Powell, le papa du gros bras de Lonely Street. Cependant, si The Goon parvient à se ménager des moments d'humoir - noir, certes mais c'est si drôle - entre deux scènes de violence physique ou psychologique, il n'en est rien ici...


Prenez à un homme tout ce qui fait de lui un être humain : sa dignité, sa famille, son humanité et l'amour et vous obtiendrez notre héros : un nain qui - tout au long de l'histoire - n'aura pour seuls noms que les injures, les moqueries et les surnoms dont l'affubleront les gens "normaux". Orphelin dès l'enfance, il entrera dans une unité spéciale de l'armée où on lui apprendra à devenir une machine à tuer lors de la guerre du Viet-Nam.


Revenu à la vie civile, il restera un inadapté social jusqu'au jour où une lettre mystérieuse le ramènera dans son village natal pour une vendetta violente et sanglante dont les tenants et les aboutissants ne nous seront révélés qu'au compte-gouttes. Des flashbacks viendront également ponctuer cette effroyable et implacable vengeance, l'occasion de comprendre ce qui a fait de notre homme ce qu'il est aujourd'hui.

Car oui, c'est un homme. Bien que l'on retrouve l'obsession de Powell pour les monstres de foire dans Big Man Plans (et si vous connaissez le bonhomme et sa bibliographie, vous savez qu'il a pour les cirques et les freakshows un fétichisme particulier), il a toujours eu le plus profond respect pour les "erreurs de la nature". De la roulotte des curiosités biologiques de Billy The Kid et la Foire aux Monstres  à la petite fille à barbe de Chimichanga, il a souvent démontré que ces "monstres" étaient souvent bien plus humains que ceux qui s'amusaient à leur dépens.


Le propos ici, bien que similaire dans son idée de départ, prend une tournure tout autre quand le Nain comprend que le respect qu'il désirait tant est mort. Armé d'un marteau, il se livrera alors aux pires exactions qu'il m'ait été donné de voir dans les pages d'un comic-book : membres (et vraiment tous types de membres) tranchés, mâchoires arrachées, immolation, scalps... Chaque exaction, chaque scène de nudité ou de violence est décrite sans aucune pudeur dans les planches d'Eric Powell (qui illustre son récit) dont le coup de crayon si caractéristique gagnerait décidément à être enfin reconnu comme celui d'un des plus grands artistes de la scène comics.


Il y aurait sans doute encore beaucoup de choses à dire sur Big Man Plans, mais je pense que c'est tout à chacun de les découvrir. Un grand merci à Delcourt pour cette perle de noirceur, ce pamphlet pour le respect qui vous frappe comme un grand coup dans les valseuses et dont la lecture ne peut laisser personne indifférent.

 

1 commentaire:

  1. Big man plans c'est une sacrée claque dans la tronche, le genre de claque qui envoie ta machoire en orbitre autour de saturne...
    Sérieux l'intensité se construit super bien, le récit mélange flashbacks et scènes d'action à la perfection ce qui vous donnera beaucoup de mal à pas lire le bouquin d'une traite!
    -J'ai même du me faire 2-3 pauses clopes tellement le récit me faisais vomir mes hormones par tout les pores...-
    Je sais pas si on appeller ça de la poésie, mais Big Man Plans réussi quand même à créer une histoire pleine de beauté, et de sang au nom de la vengeance... mais bordel qu'est ce que c'est bon!

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