mardi 15 mars 2016

Review : Judge Dredd : Origines (Delirium)

"La Loi, c'est Moi" : une réplique culte s'il en est. On peut penser ce que l'on veut des aventures cinématographiques d'un Judge Dredd auquel Sylvester Stallone prêtait ses muscles et sa paralysie faciale, mais force est de constater que le film faisait montre de quelques qualités. Outre un robot de combat ABC Warrior de toute beauté, il a réussi à faire découvrir à beaucoup de personnes - moi compris - l'univers dystopique de Mega City One sur lequel les Juges sont devenus jury et bourreaux.
De toute beauté je vous dis...

Hormis quelques numéros épars publiés par Aredit dans les années 80 et d'autres recueils chez Soleil, il a toujours été difficile de saisir l'ampleur tentaculaire de l'œuvre de John Wagner. Brûlot anti-fachisme impitoyable tirant sur les travers de notre société avec un gros calibre, plus de 400 épisodes ont été publiés dans les pages de 2000 A.D dans la noble Albion et à peine un quart d'entre eux sont arrivés jusqu'à nous. Une injustice qu'il était temps de réparer.

C'est donc au tour des Éditions Delirium de se lancer dans le combat pour la gloire du nouveau système judiciaire d'une Amérique ravagée. Désireux de nous en mettre plein la vue le plus rapidement possible, l'éditeur nous propose donc avec Origines une saga aussi divertissante qu'instructive.

Victime d'un odieux chantage, Dredd doit se rendre dans les Terres Désolées - le champ de ruines radioactives qu'est devenu une grande partie de la planète - avec une escorte réduite et un chargement de plusieurs millions de crédits. En effet, des individus à priori peu recommandables exigent cette somme dantesque pour restituer le Juge Fargo à la ville. La mission est d'autant plus vitale que l'échantillon d'ADN que les ravisseurs ont joint à leur demande de rançon semble indiquer que Fargo - fondateur du système des Juges et "père" de Dredd (qui a été cloné à partir de Fargo) - serait vivant, ce qui va à l'encontre de l'Histoire telle que tout le monde la connaît.

C'est donc à un voyage au cœur de la Vérité que Dredd va se livrer. Entouré d'une petite troupe de nouvelles recrues et de Juges expérimentés, le trajet sera semé de dangers et d'embûches : pillards, mutants, communautés otarciques aux relents de consanguinité... Autant de rencontres qui donneront lieu à des confrontations musclées dignes d'un survival post-apocalyptique sévèrement burné.

Le voyage sera également l'occasion de se plonger dans l'Histoire de cette univers ravagé à travers des flash-backs se concentrant sur la vie du Juge Fargo. De son enfance à sa "mort" en passant par les années dédiées à établir un nouveau système pénal destiné à redresser une Amérique qui n'échappera au gouffre de la délinquance et de l'insurrection que pour se jeter dans l'abîme de la guerre nucléaire, on assiste en vérité à la genèse - les... Origines - d'une société qui se cachera derrière les lois pour commettre de nouvelles immoralités.
Comme mettre des enfants en première ligne...
Il est assurément plaisant d'envie découvrir comment le monde de Judge Dredd a pris la forme qu'on lui connaît aujourd'hui, notamment sur la guerre qui l'a ravagé. Le scénario de John Wagner - la père de plume du personnage - est malin et sait alterner judicieusement entre action, retournements de situation et moments de doutes même pour le plus inflexible des Juges.

Quant aux dessins de Carlos Ezquerra, ces derniers nous permettent de découvrir un Dredd à l'allure impérieuse et martiale et au menton - son visage n'étant jamais révélé (une constante de la série) - fier et déterminé. La façon dont il dépeint également les différents habitants des Terres Désolées est également brillante, leur conférant des looks uniques et en parfait accord avec l'esprit SF so 80's des publications où sont apparus les personnages.

En conclusion, Judge Dredd : Origines est un album riche qui permettra aux nouveaux lecteurs de s'immerger dans les débuts d'un monde dans lequel nous avons toujours plongé in medias res tout en offrant aux vieux de la vieille un retour aux sources rafraîchissant. Merci Delirium...

Merciiiiiiiiiiiiii !

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