jeudi 3 décembre 2015

VO-Day : Sheriff of Babylon #1 (Vertigo)

J'ai toujours adoré Boney M... Les années disco, les costumes flashy et les chorégraphies délirantes de Bobby Farrell. Du coup, vous pouvez bien imaginer ma stupéfaction bienheureuse lorsque mon regard s'est posé sur Sheriff of Babylon #1, la séquelle de Rivers of Babylon, le tube planétaire du quatuor... et comprenez bien que l'alcool, la drogue et un début de schizophrénie (si... quand tu parles tout seul et que tu imites différents accents pour te répondre, c'est un début de schizophrénie) m'ont fait écrire cette introduction complètement idiote mais qui a eu le mérite de vous accrocher. Vous êtes toujours là ? Alors parlons du vrai comics.

L'action se passe en 2004 à Bagdad, 10 mois après la chute du régime de Saddam Hussein. Les forces armées Américaines ont investi le centre de la capitale dans la forteresse appelée la Green Zone. C'est là que l'histoire commence avec la découverte d'un cadavre qu'on laissera de côté le temps d'introduire nos trois personnages principaux.

Tout d'abord, Christopher. Un ancien flic venu au pays des contes des Mille et Une Nuits pour former les hommes qui formeront la nouvelle police iraquienne. Un homme droit dans ses pompes et compréhensif - à l'opposé de l'image de l'instructeur militaire que des films comme Full Metal Jacket ou Le Maître de Guerre ont pu forger dans notre imaginaire collectif - qui essaiera de discuter avec une terroriste kamikaze pour la raisonner avant qu'elle ne soit froidement abattue par les militaires.

Puis arrive Sofia, une femme qui a quitté son Irak natal pour faire des études loin de la dictature et qui revient dans un pays où toute la famille qui lui restait a été exécutée par Saddam. Décidée à régler ses comptes, elle ne recule devant aucune extrémité pour récupérer son pays. Elle joue de ses relations et chacun de ses actes semble avoir pour but de lui rendre les gens redevables.

Le dernier acteur de ce futur drame s'appelle Nassir. On apprend peu de choses de cet ancien policier bagdadite sauf qu'il avait trois filles qui sont mortes lors d'un bombardement et que leur décès l'a complètement brisé. Cette information nous sera donnée par Nassir lui-même alors qu'il abat trois G.Is ficelés dans sa cave en représailles pour la perte de ses enfants.

C'est après ces trois scènes d'introduction que le scénario de Tom King revient à la charge. Le cadavre découvert au début de l'issue était celui d'un des hommes de Christopher. Chargé de l'enquête sur ce qui est clairement un meurtre, il contacte Sofia pour qu'elle lui vienne en aide. Cette dernière appelle donc Nassir qui - bien que peu désireux de reprendre son métier d'enquêteur - cédera à la requête quand Sofia évoquera les trois "paquets" qu'elle lui a fourni.

Il est toujours difficile de se faire une idée d'une série à la lecture du premier numéro, mais Sheriff of Babylon a le mérite de vous proposer une intrigue alambiquée digne d'un roman noir. Même si la trame de fond de l'histoire peut demander quelques notions d'Histoire contemporaine (j'ai moi-même consulté Wikipedia pour être certain de ne pas faire un quelconque anachronisme dans cette review), on reconnait les personnages pour ce qu'ils sont : le détective au grand coeur, la femme fatale et le flic en bout de course. Des archétypes comme je les aime, déplacé dans un cadre aussi inattendu qu'il s'avère propice à ce genre d'histoires.

Une atmosphère de polar de cinéma donc, à laquelle le travail de Mitch Gerads au dessin et aux couleurs ajoute une réalisation léchée. Les cases se répondent les unes les autres dans une symétrie absolument brillante. On voit différents interlocuteurs de Sofia lui demandant chacun de régler des problèmes de plus en plus petits qui - par retour de bâton - lui octroie des privilèges de plus en plus grands. Ou quand l'artiste comprend la nature profonde de ce qu'on lui demande de dessiner.
Je vous mets les deux planches pour que vous voyez de quoi je parle

L'absence quasi totale d'onomatopées permet également de mettre en avant les seuls sons véritablement importants dans l'histoire : des coups de feu et les sonneries de trois téléphones. Une "économie" de moyen qui participe beaucoup à l'ambiance chaude et sèche de ce thriller urbain.
Je trouve ces pages géniales

Urbain, c'est d'ailleurs le genre d'éditeur (if you know what I mean) qui devrait s'intéresser à cette série sans concession dont j'attends impatiemment une sortie en TPB car il y a un potentiel évident dans ces 22 pages.

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