mercredi 4 juin 2014

Review : Fatale #3 - A l'Ouest de l'Enfer

Les duos... sujet fascinant de l'univers des comics. Nombreux sont ceux qui font encore de nos jours des blagues déplacées sur les relations de Batman et Robin, mais l'homme chauve souris et son esclave sexuel sont loin d'être le seul binôme de l'industrie : Green Arrow et Green Lantern, Luke Cage et Iron Fist, The Goon et Frankie, Astérix et Obélix... Ed Brubaker et Sean Phillips... Je sais que les deux derniers noms ne sont pas des personnages de BD mais je cherchais juste de quoi faire une intro.
 
Et c'était une entrée fracassante
 
Déjà responsables des superbes séries Criminal et Incognito, Brubaker et Phillips reviennent sur les étagères de nos librairies préférées avec le troisième tome de leur série Fatale. Publiée par Image depuis Janvier 2012, l'histoire est bien plus ancienne que ça. Elle démarre de nos jours lors de l'enterrement de Hank Raines, journaliste devenu écrivain, lorsque Nick rencontre la belle et mystérieuse Joséphine... Non, l'histoire commence dans les années 70, lorsqu'un couple d'acteurs poursuivi par une secte trouve refuge chez... Joséphine... Plus tôt encore... Dans les années 50, alors... Hank Raines enquête sur un flic ripou et rencontre la femme que ce flic a sauvé d'une messe noire pendant la seconde guerre mondiale... une nommée Joséphine...
 
Une autre...
 
Vous l'aurez compris, résumer l'intrigue de Fatale est loin d'être une sinécure tant les origines et le passé de son héroïne reste voilés de mystères. Tout ce qu'on sait d'elle c'est qu'elle ne vieillit pas, qu'elle a un étrange pouvoir sur l'esprit des hommes et des créatures Lovecraftiennes sont à sa recherche. Ce troisième tome s'amuse d'ailleurs à brouiller encore les pistes en nous emmenant dans les grandes plaines de l'Ouest américain à l'époque des cow-boys et des Indiens ainsi que dans la France moyenâgeuse sur les traces d'autres femmes ayant les mêmes dons que Joséphine.
 
ou le même anti-rides

Si Criminal donnait dans le polar hard-boiled et que Incognito traitait des super-héros à la sauce pulp, Ed Brubaker balance dans Fatale le mystère et l'étrange des romans bons marché des années 30, 40 et 50 (d'ailleurs les éditions VO sont complétées par les biographies d'auteurs comme Lovecraft, Edgar Allen Poe ou Phillip Marlowe). Sectes, possessions, démons, hommes de main aussi violents qu'ils sont monolithiques et des héros qui se battent pour une femme qu'ils connaissent à peine. Le titre n'est bien entendu pas choisi au hasard... Jo est l'archétype de la femme fatale dans sa définition la  plus pure et la plus innocente à la fois. Car si elle manipule ses "protecteurs", Joséphine est avant tout la victime d'une machination qu'elle ne comprend pas.
 
Quand on voit des démons nazis, c'est forcement une machination
 
Toutefois, malgré ses influences prestigieuses, Fatale est loin d'être un comics rétro. L'histoire qu'il raconte est aussi intemporelle que son héroïne. Les dessins de Sean Phillips sont exactement ce qu'on attend de son style : sombre, anguleux et biscornus, des visages ridés, soucieux, des tripes et du sang qui éclatent rougissent le gris des rues. Bon, finalement, c'est peut être vraiment un comics rétro, mais en quoi cela serait-il un défaut ? Je déteste faire le vieux râleur qui clame que "C'était mieux avant" mais il y a des domaines où l'adage se vérifie : la musique, le cinéma et les comics... Donc fuck le modernisme !
Même si on est quand même moins cons que dans le temps
 
Petite anecdocte : j'ai beau ne pas vivre dans un bled paumé, obtenir mon exemplaire de Fatale fut un véritable parcours du combattant... J'ai dû réserver et l'obtenir plus d'une semaine après sa sortie. C'est vraiment dommage de voir que des petites perles comme cette série passe encore inaperçues alors que d'autres comics plus "mainstream" occupent les têtes de gondoles bien qu'ils leur manquent ce petit supplément d'âme.
 
Un supplément d'âme que je ne paierais pas avec un supplément frais de port


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