vendredi 3 mai 2013

Review : Les Seigneurs de Bagdad (Urban Comics)

Passé relativement inaperçu (pour moi du moins) lors de sa ressortie chez Urban Comics (après un album chez Panini en 2006), il m'aura fallu une conversation et un peu de chance chez un bouquiniste pour mettre la main sur Les Seigneurs de Bagdad (Pride of Baghdad en VO). Un graphic-novel qui m'avait été fortement recommandé après ma review de NOU3.

Initialement publié par Vertigo et scénarisé par Brian K.Vaughan, Les Seigneurs de Bagdad relate les faits survenus dans la capitale irakienne en avril 2003 : lors de l'attaque américaine sur la ville, le bombardement du zoo a libéré plusieurs animaux dont 4 lions qui ont erré dans la ville. C'est du point de vue de ces quatre animaux que Vaughan choisit de nous donner sa vision du conflit. LE point de vue ? Que dis-je ? Les points de vues. Chacun des nobles félins de la bande semble refléter un avis, une opinion différente sur la liberté, la guerre et l'absurdité de cette dernière.

 

De Safa, la vieille lionne qui a peur des dangers inconnus au point de ne pas souhaiter cette liberté à Noor, la jeune femelle qui est prête à tous les compromis pour sortir de sa cage mais n'a aucune idée de ce qu'il faut faire une fois les barreaux franchis, chacun de ces animaux pose les yeux sur le monde qu'il découvre ou redécouvre et pointe ses problèmes sans même sans douter.

 

Les critiques ont reproché à l'intrigue d'être prévisible (en même temps c'est tiré d'une histoire vraie) et elle l'est. Bizarrement, cela est ici une force. Le lecteur humain comprend bien que cette évasion ne saura être que temporaire, mais pas les protagonistes. C'est de ce décalage que nait l'émotion et le questionnement. En effet, on a envie de dire à ces pauvres évadés "La liberté, ça se gagne, ça ne s'offre pas"... C'est un peu ce qu'on aurait pu dire au peuple Irakien, non ?

En parlant du peuple Irakien... L'autre force des Seigneurs est de renverser les rôles. Ici ce sont les hommes qui n'ont pas droit à la parole. Un avion par ci, un tank par là une statue familière sur une place... La trace de leur présence est visible tout au long de l'histoire, mais toujours de manière assez fuyante (à l'instar des gardiens du zoo que l'on ne voit que de dos au moment de s'enfuir). D'ailleurs ni leurs actes, ni leurs paroles (parole qu'ils ne trouveront que dans les dernières cases d'ailleurs) ne leur donnent le statut d'espèce dominante et ce sont bien eux qui se comportent comme des bêtes ici.

 

Du point de vue graphique, le dessin de Niko Henrichon rend magnifiquement hommage à ce paysage des Mille et Une Nuits de Cauchemar. La violence y est crue mais de cette beauté crue... Vous voyez ce que je veux dire ? C'est pas un Disney quoi. Je vous sens dubitatif... Comparons.

Hakuna Matata
Hétami Tatétou ?

 

En conclusion, Les Seigneurs de Bagdad est... à lire. Je ne le conseillerais peut être pas autant que NOU3 (qu'il faut lire, acheter, relire et racheter pour l'offrir à vos amis) mais si l'occasion vous en est donnée, il serait dommage de se passer de la lecture de ce conte philosophique à la réflexion certes simple, mais touchante.

A la prochaine les Sidekicks.

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