mercredi 27 mars 2013

Review : Death - La Vie n'a pas de Prix (DC Vertigo)

Il était une fois un blog BD qui avait une mission : vous parler de séries courtes et cools. Son rédacteur s'était juré sur la tombe de ses parents qu'il mènerait une croisade sans fin contre le crime.... qu'il vous éviterait des années de continuité et des suites à ne savoir qu'en faire. Malheureusement, sa passion dévorante pour les comics lui a quelque peu fait perdre cette note d'intention de vue et il a souvent négligé le côté "court" au profit du côté "cool". N'ayez crainte sidekicks néophytes car cet article va vous rappeler la raison première pour laquelle vous êtes ici.

 
Joséphine Ange Gardien : Parfait exemple de série "courte"

Les brocantes et marchés aux puces sont des lieux surprenants. Un monde à part avec ses codes, ses us et ses coutumes. Le brocanteur aguerri peut y trouver son bonheur, le clou d'une collection, l'aboutissement d'une quête menée depuis des années ou tout simplement une bonne affaire. C'est ce qu'il m'est arrivé pas plus tard que le week-end dernier lorsque je découvris entre deux magazines un album qui - s'il n'est pas d'une rareté extrême - n'a pas connu des rééditions ces dernières années.

Je tire mon chapeau à tous les brocanteurs

Death : La Vie n'a pas de Prix (ou Death : the High Cost of Living) est une mini-série en trois épisodes publiée par la branche Vertigo de DC (tout comme Watchmen ou Hellblazer, ce qui suffit à vous indiquer à quel point il faut kiffer cette branche) en 1993. Le scénario est l'oeuvre du génialissime Neil Gaiman (auteur de comics à succès et romancier complètement énorme) et se veut un spin-off de sa série Sandman (également publiée sous le label Vertigo). Les dessins sont de Chris Bachalo (qui officie ces jours-ci du côté de Marvel, notamment sur Uncanny X-Men) aidé de Mark Buckingham. Maintenant que les présentations sont faites, accrochez vos ceintures pour un conte moderne, une fable sur la vie et la mort.

Sexton Furnival est un adolescent qui, comme beaucoup de ses congénères, pense beaucoup à la mort. Non pas qu'il soit dépressif ou qu'il soit particulièrement excité à l'idée de se trancher les veines, le jeune homme a juste l'intime conviction que la vie ne vaut pas d'être vécue. Il ne croule pas sous les amis et pour lui l'amour n'existe pas. Perdu dans ses réflexions philosophiques, il rencontre la jeune Didi, adolescente excentrique dont la famille est morte et qui prétend être la Mort.

Car oui, comme Rencontre avec Joe Black nous l'avait appris, la Mort peut prendre des vacances de temps en temps. Ici, c'est tous les 100 ans que La Faucheuse descend pour une journée parmi les êtres qu'elle acceuille le reste du temps dans son étreinte glacée. Sommée par une sorcière de lui retrouver son coeur perdu, Didi entraine alors Sexton dans un périple nocturne à travers New York au cours duquel menaces et épiphanies les guetteront à chaque pas.

 
Et des questions existentielles aussi...

Et oui, pas de super-héros ni de violence exacerbé dans cet album. Juste un adolescent mal dans sa peau qui ne peut s'empêcher d'être attiré par celle qu'il recherchait depuis si longtemps : La Mort. Une poésie se dégage des conversations entre les deux protagonistes sans jamais tomber dans une morbidité dans laquelle il eut été facile de se complaire. Les planches sont colorées et les personnages attachants même lorsqu'ils ne sont que des seconds rôles, voir même des figurants !

Et oui, j'avais pas fait la blague du chapeau sans une bonne raison

Et c'est pour moi la force des oeuvres de Neil Gaiman. Pour ceux qui auraient lu Neverwhere ou encore American Gods (dans lequel Didi fait une apparition à ce propos), ils sauront que l'homme est un conteur. On ne se reconnait pas forcement dans ses personnages, mais on sait au fond de nous-mêmes qu'on réagirait exactement comme Sexton, partagé entre l'attirance qu'il ressent pour cette petite gothique frappadingue et la conviction qu'elle est sévérement ravagée du bulbe et qu'il faut s'en éloigner. Du coup, toutes les remarques de la jeune fille lui vont droit au coeur et le ramène à sa condition de mec bien qui préfère se dire que la vie est nulle plutôt que de la prendre à bras le corps (sa vie hein... pas La Mort) pour en faire quelque chose digne d'être vécue.

 

Je concluerais bien cette article en vous disant pour quelle somme dérisoire j'ai obtenu ce magnifique album, mais comme la Vie du titre, les bons comics n'ont pas de prix.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire