mercredi 12 avril 2017

Review : Phonogram - Ex Britannia (Glénat Comics)

Avant propos : Bien que Glénat ait sorti une version colorisée de Phonogram, j'ai eu du mal à trouver des images en couleur de Ex Britannia. Du coup vous aurez un peu de noir et blanc, mais sachez que les couleurs sont somptueuses
Merci
 
Commençons par dire ce que je finis toujours par dire dans ces cas là : Glénat s'impose définitivement comme l'éditeur qui nous propose les plus belles séries indés. Pourquoi je le répète ? Parce que j'attendais depuis des lustres l'arrivée de Phonogram dans nos étals de comic-shops. Pourquoi je l'attendais ? Parce que... je ne sais pas en fait... Ce comics m'a tellement parlé que le meilleur moyen de l'introduire c'est de vous citer son créateur, Kieron Gillen, qui nous dit dans l'introduction du volume :
"Ce comics décrit la manière dont l'art transforme les gens pour le meilleur et pour le pire."
 
Paie ta référence à This is Hardcore
L'histoire est celle de David Kohl, un phonomancien britannique bien plus intéressé par sa petite personne et par la musique que par le reste. Il se retrouve - contre son gré - chargé par une déesse d'une mission d'importance capitale. Des individus inconnus essaient de ramener à la vie Britannia - l'un des aspects de cette déesse dont on ne peut que supposer qu'elle est l'incarnation de la Musique - qui n'est autre que l'esprit de la Britpop, ce genre musical du début des années 90 qui nous a amené des groupes tels que Blur ou Oasis.
 
Peu enclin à s'accomplir de cette tâche de par les liens étroits qu'il a entretenu avec Britannia de son vivant, David se lancera tout de même dans cette quête après une rencontre avec le fantôme d'une ex - bien vivante - sur le pont de Severn Bridge où Richey Edwards des Manic Street Preachers a disparu en 1995 (disparition toujours inexpliquée à ce jour car, même si Edwards est déclaré mort depuis 2008, on a toujours aucune idée de ce qui lui est arrivé). Il entamera ainsi un voyage dans ses propres souvenirs pour comprendre qui peut bien vouloir ramener la Britpop du royaume des Ombres.
 
Phonogram est tout sauf facile à lire. Bien que je félicite le travail de traduction, son univers est si nébuleux qu'il peut paraître impénétrable au premier abord. Le parachutage du lecteur dans un monde établi où il ne comprend que trop peu les règles est déroutant. Que sont les phonomanciens ? Ou les rétromanciens ? Quels sont leurs pouvoirs ? Qui est cette déesse ? 
 
Et puis, on se rend compte que tout ce qui a trait à la magie importe peu en fin de compte. Comme dit plus haut, Phonogram parle de la relation à l'art. Peu importe que David soit une espèce de John Constantine de la musique, ce qui compte c'est qu'il est un personnage-vestige d'une époque révolue qui essaie de trouver sa place dans le monde moderne. Il est ici question de nostalgie. Dans son désir de revivre les jours de gloire de la Britpop, David en vient à aimer les groupes qu'il a toujours détesté à l'époque. Pourquoi ? Parce que quand vous aimez quelque chose qui est mort et enterré, vous n'avez plus rien de neuf à vivre alors vous cannibalisez le passé jusque dans ses recoins les plus sombres.
 
Et pour ce qui est des recoins, autant vous dire qu'on y va. Je n'irai pas jusqu'à me prétendre expert en musique, mais j'admets avoir pas mal de connaissances à ce sujet. Phonogram m'a appris l'humilité en me dévoilant tout une facette de la pop british dont je n'avais aucune idée. Je pouvais vous parler d'Oasis, des Manic Street Preachers ou de Blur pendant des heures, mais j'ignorais jusqu'à l'existence de Kenickie, Echobelly ou Afghan Whigs. On sent bien que Gillen a été journaliste avant d'écrire des comics et les anecdotes qu'il raconte sentent toutes trop la vérité pour être ignorées. D'ailleurs, même si je conçois que toutes ces références à des groupes, des albums ou des concerts vieux de vingt ans peuvent dérouter, sachez qu'il y a un glossaire à la fin de l'ouvrage (et une playlist à la fin de cet article)
 
Les dessins de Jamie McKelvie m'ont fait pensé à du Roy Lichtenstein sous influence pop 90's. Ces personnages ont beau être un peu raides, ils ont des expressions faciales parfaites. De plus les planches sont claires et aident à comprendre l'histoire.
 
En résumé, Phonogram est un pur album pour poseurs, ce que nous sommes tous, qui aiment se la raconter en soirée. Non, sans déconner. Vous pourrez passer pour un gros con - ce qu'est le protagoniste en fin de compte - qui sait tout sur la Britpop et qui aime étaler sa science devant les gens. Vous serez "un vrai connard. Mais pourquoi voudriez vous être autre chose ?"
 
NDLR : de mon côté, je vous propose une petit playlist de derrière les fagots et qui rassemblent les groupes et chansons dont s'abreuve l'ouvrage.

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