jeudi 23 février 2017

Retro Review : Doom Patrol par John Byrne (DC Comics)

Vous savez combien de séries n'ont jamais été publiées en France ?

Allez, dites un chiffre, je m'en fous, je n'ai pas la moindre idée moi-même. 

En tous cas, une chose est sûre. Hormis quelques parutions dépareillées à la fin des années 60, on a rarement vu la Doom Patrol entre les mains d'un lecteur allergique à la langue de Shakespeare. A peine quelques petites apparitions de ci de là aux côtés d'autres héros, mais jamais leurs aventures en solo. 


Alors, lorsque mes pérégrinations m'ont amené dans cette bouquinerie d'Anvers et que j'ai eu la chance de tomber sur le volume 4 de Doom Patrol et que j'ai découvert qu'il était entièrement scénarisé et dessiné par John Byrne (l'un des auteur/dessinateur de l'âge d'or des X-Men), je n'ai pas pu résister.


Alors resituons un peu les personnages. La Doom Patrol n'est pas une équipe de super-héros ordinaires. Réuni par le Professeur Niles Caulder (un génie dans un fauteuil roulant qui a fait son apparition AVANT Charles Xavier), le noyau de l'équipe se compose de Robotman - un ancien pilote de course sauvé de la mort par la transplantation de son cerveau dans un corps mécanique - Elasti-Girl - une ex actrice exposée à des vapeurs volcaniques qui lui ont donné la capacité de changer de taille - et de Negative Man - un pilote d'essai ayant été irradié dans l'espace et qui possède désormais un double négatif doté d'étranges pouvoirs. Peu désireux de devenir des héros, mais souffrant de l'isolement dans lequel les plonge leur situation, Caulder parvient à faire d'eux une équipe oeuvrant pour le bien commun.


Et arrive ce run de John Byrne... Décrié par nombre de fans pour avoir fait fi de la continuité, l'auteur nous offre cependant 18 numéros plein d'aventures, de rebondissements et de situations... bizarres. 

J'avoue que le premier arc (issues #1 et #2, la série fonctionnant majoritairement en intrigues de deux épisodes) m'a laissé un peu perplexe dans la mesure où il faisait suite à une aventure de la JLA et opposait nos héros aux reliquats d'une espèce de vampires extra-dimensionnels. Cependant, une fois ce premier écueil passé, tout le reste de la série est assez plaisant à lire.


Mon moment favori ? Un épisode à la Code Quantum (même Caulder le reconnait) où Robotman et Elasti-Girl remontent le temps et s'incarnent dans leurs corps du passé. Hélas il se voit toujours sur leurs apparences du présent et échangent un baiser qu'un témoin verra comme un homme d'âge mur embrassant une enfant de 14 ans, ce qui enverra notre homme mécanique derrière les barreaux.
 
Oh bravo...

Car à l'heure où les scénaristes de comics s'enlisent dans des events à tiroirs parfois préparés plus d'un an à l'avance, lire ces histoires courtes fait un bien fou. De plus la Doom Patrol affrontant tour à tour des créatures aquatiques Lovecraftiennes, des robots tueurs, des évolutionnistes déjantés, des bébés métahumains se nourrissant de l'énergie des humains ou encore des spectres de sorciers incas, on a que rarement le temps de s'ennuyer.


Si on ajoute à ça l'apparition de Métamorpho et l'arrivée de Nudge, Vortex et Grunt dans l'équipe et de la découverte progressive de leurs origines et secrets, la série se retrouve donc doté d'un fort potentiel en termes de sous intrigues. Le tout est bien évidemment aussi agréable à l'oeil qu'au cerveau tant ça fait plaisir de retrouver les planches d'un des dessinateurs que j'appréciais déjà dans ma tendre enfance.


Bien entendu la série n'est pas exempte de défauts. On pourra lui reprocher d'être assez répétitive, non pas dans ses intrigues, mais dans leur déroulement. Chaque numéro commence en effet in media res, en plein d'une action ou d'un combat dont on ignore les tenants et les aboutissants. Ce n'est qu'une fois cette scène d'exposition passée qu'on aura droit à un flash-back nous révélant ce qui a mis nos héros dans des situations parfois extrêmes. Le procédé est intéressant, mais Byrne en use et en abuse tant et si bien qu'il n'a plus grand chose de surprenant passé quelques épisodes.


De même, la résolution quasi simultanée de toutes les intrigues secondaires sur les nouveaux membres de la Patrol a un gout d'indigestion d'information. Là, je ne peux que supposer que Byrne savait que sa série allait s'arrêter et a décidé de débrouiller tous les sacs de noeuds qu'il avait pris plaisir à nouer. 


 En résumé, une série qui sans être parfaite vous permet de passer un bon moment. De plus, j'ai été ravi d'en apprendre davantage sur ces personnages que j'avais trop souvent vu comme les guests d'autres séries et qui aurait sans doute gagné à être mieux connu sous nos latitudes.

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