lundi 11 juillet 2016

Retro Review : War is Hell : La Guerre c'est l'Enfer (Panini Comics)

S'il y a bien une chose que l'on peut mettre au crédit de Secret Wars, c'est indubitablement le fait que ses nombreux tie-ins nous ont fait (re)découvrir des périodes et des personnages de la Maison des Idées qu'on avait oublié depuis plusieurs décennies. Where Monsters Dwell de Garth Ennis fut pour moi l'occasion de faire la connaissance de l'aviateur Karl Kaufman, alias The Phantom Eagle, héros de la première guerre mondiale. Quelques recherches plus tard, j'appris que le même Garth Ennis avait déjà consacré une mini-série de 5 épisodes au personnage, le tout publié par Marvel dans sa ligne MAX et par Panini dans l'hexagone. L'histoire aurait sans doute pu s'arrêter là si ma passion pour les brocantes du week-end ne m'avait pas mis nez à nez avec un exemplaire de l'album VF. Alors enfilez vos lunettes d'aviateurs et accrochez vous au manche pour le premier vol de l'Aigle Fantôme.


Il est d'abord important de noter que même si Kaufman - et son alter ego héroïque - était déjà apparu dans le mensuel Marvel Super Heroes dès la fin des années 60, ce n'est pas à l'exercice d'une séquelle et encore moins d'une préquelle qu'Ennis s'adonne ici. L'histoire nous raconte les déboires d'un simple aviateur américain volontaire pour s'enrôler dans l'effort de guerre et de sa découverte des horreurs de cette dernière.


En effet, si la série des 60's fonctionnait bel et bien sur les codes du super-héroïsme - Karl utilisant le costume bariolé et l'identité mystérieuse du Phantom Eagle pour accomplir ses exploits - l'auteur prend rapidement le soin de priver son héros de ses oripeaux guignolesques pour en faire un simple troufion comme tant d'autres dans le ciel de la "der des der".
 
On y a pas perdu au change en fait...
Il est d'ailleurs important de noter que le Kaufman de War is Hell est bien différent de celui qu'on a croisé dans Where Monsters Dwell. Plus inspiré, rêveur et romantique, le jeune Karl croit encore aux valeurs qu'a perdu le loser désabusé qui fuit devant les dinosaures et autres amazones de Battleworld. A la fois candide et innocent dans un monde de brutes, il se heurte à ses propres peurs, son passé (qu'il essaie de dissimuler) et sa hiérarchie tant en sachant qu'il se doit de poursuivre le combat quoi qu'il lui en coûte.


Et autant dire que l'addition va être salée ! Les scènes de bizutage potache et parfois cruel sur la base alternent avec des batailles au cours desquelles les corps sont réduits en charpie dans le meilleur des cas. Une envie de réalisme à laquelle les planches d'Howard Chaykin se prêtent particulièrement bien. L'artiste ayant déjà fait ses armes sur des séries telles que Wolverine ou Blade semble en effet avoir un don pour représenter les gerbes de sang. De plus, son expérience sur The Shadow ou Avengers 1959 le prédispose aux ambiances rétro et aux héros à la mâchoire carrée d'un John Wayne.


Se lisant vite malgré un réalisme parfois étouffant (le langage technique des avions de l'époque surtout... heureusement un lexique est disponible à la fin de l'album) War is Hell constitue le genre de lecture à recommander aux fans des récits "historiques", aux allumés du génie de Garth Ennis - bien que soyons francs : ce n'est pas ici son meilleur travail - et à tous ceux qui recherchent une lecture un tant soit peu différente des canons habituels.

Et en parlant de canon...
 

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