mercredi 8 avril 2015

Review : Superior (Panini Comics)

On a dit beaucoup de choses sur les Ecossais : ils ne portent rien sous leurs kilts, ils sont pingres, roux et entretiennent des relations douteuses avec les moutons. On raconte aussi que leur chef ferait sept pieds de haut et que, s'il était parmi nous, ses yeux lanceraient une pluie d'éclairs et des boules de feu seraient projetés de son cul.

Mark Millar en plein brainstorming

Bien qu'incapable de foudroyer et carboniser ses ennemis, Mark Millar reste quand même un fier représentant du peuple des Highlands et de son esprit combattif. Tel William Wallace à Stirling, l'auteur a toujours su monter à l'assaut du lectorat pour lui livrer sa dose de combats et d'hémoglobine comme le prouve sa bibliographie : la trilogie Kick-Ass, Supercrooks, The Secret Service ou encore Old Man Logan a toujours "lancé le tronc" assez loin en termes de bastons bien senties, de sang et d'amputations non chirurgicales.
Mark Millar dans une séance de brainstorming II

Imaginez maintenant notre mangeur de panse de mouton farcie (promis, c'est ma dernière remarque à caractère péjoratif) nous livrant sa version du premier de tous les super-héros : Superman. Quand on a lu ce que le quidam a fait de la mythologie de Batman dans Nemesis, on ne peut avoir que le whisky à la bouche. Pour des raisons de droit bien évidentes, le dernier fils de Krypton resta hors de portée de Millar qui pondit Superior, ressorti ce jour chez Panini et, à contrario de tout ce que nous aurions pu attendre, Millar nous livre ici un conte de fées avec des capes et des super-pouvoirs.

Superior, c'est l'histoire de Simon Pooni, un adolescent de 12 ans atteint de sclérose en plaques. Privé des joies les plus banales de l'existence, malmené par de petites frappes, prisonnier d'un corps qui se paralyse un peu plus chaque jour, il rêve en allant au cinéma suivre les aventures de Superior, un super-héros tout puissant et immortel.

Puis apparait Ormon, un singe venu de l'espace qui explique à Simon qu'il a été élu parmi toute la population de la Terre et qu'il a droit à un voeu unique. Le garçon se transforme aussitôt en son héros favori et Ormon disparait en disant qu'il reviendra une semaine plus tard pour "tout expliquer". On sent à peine venir le coup fourré.

En vérité, Millar ne déclare pas son amour à l'Hommer d'Acier de Metropolis, mais plutôt à ce qui fut un moment déterminant dans sa vie : l'année 1978 quand il vit Christopher Reeve s'envoler devant la caméra de Richard Donner. Bien que reprenant les éléments principaux du mythe de Superman (les origines, la romance avec une journaliste intrépide ou les super-vilains plus grands que nature), on sent que c'est le long métrage qui a le plus inspiré l'auteur ici (ce n'est pas un hasard si Simon est atteint d'une maladie qui le paralyse). Le long métrage ou LES longs métrages d'ailleurs. L'intrigue se réfère de manière directe ou indirecte à d'autres monuments du cinéma des 80's. Le clin d'oeil le plus flagrant est celui à Big, ne serait-ce que de par cette histoire d'enfant se retrouvant dans un corps d'adulte.


L'un des autres thèmes abordés dans le volume est l'impact des héros sur l'inconscient collectif. En prenant vie, Superior devient le seul super-héros d'un monde très semblable au nôtre, et quel super-héros ? Invulnérable, doté d'une force herculéenne, d'une vitesse incroyable, il change le monde en une semaine. Au delà de ses exploits, il apporte l'espoir aux opprimés et faire naître la grandeur dans le coeur de tout à chacun. J'en veux pour preuve, cette scène où l'acteur qui jouait Superior au cinéma se dresse face à un super vilain pour protéger New York. Inspiré par son personnage venu à la vie, cet homme qui n'a rien d'exceptionnel n'hésite plus à mettre sa vie en jeu pour aider son prochain.
Alors que normalement, il faut chanter pour aider les gens, c'est bien connu

Très manichéen, le récit reste cependant bourré d'émotion et d'action. Cette dernière est d'ailleurs magnifiée par les dessins de Leinil Yu dont j'ai déjà parlé du travail ici, mais se répéter n'est pas très grave. Avec son style inimitable, tout en "traits fuyants" et en muscles saillants, l'artiste parvient à donner vie à ce conte pour grands enfants.
Jeu ! Comptez le nombre de "muscles saillants" sur cette image

En 1978, Richard Donner et Christopher Reeve nous faisaient croire qu'un "homme pouvait voler". En 2012, Mark Millar et Leinil Yu nous montrent qu'un seul "homme peut changer le monde".


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