vendredi 16 mai 2014

En mode Super-Castor : John Constantine

Le terme antihéros fait partie de ces concepts de plus en plus galvaudés dans l'univers du comics. Quel meilleur moyen de faire mousser un personnage qu'en le présentant comme l'exemple typique de l'antihéros ? Mais qu'est ce qu'un antihéros ? C'est généralement un personnage à qui les qualités du héros font défaut. Il sera lâche, vaniteux, égoïste, bête, ne jouera pas selon les règles... Aujourd'hui, l'antihéros se concentre souvent autour d'un seul et même cliché : il n'hésite pas à tuer ses adversaires. Du coup, des personnages comme le Punisher, Wolverine, Spawn, ou même V sont qualifiés "d'antihéros" alors - qu'à part ce problème de folie homicide - ils ont toutes les qualités des autres héros. Qui nous reste-t-il alors ?
...
John Constantine bien sur !
 
A ne pas confondre avec Michel Constantin : THE antihéros français
 
Profitons de l'apparition il y a quelques jours du premier trailer de ses aventures audiovisuelles pour revenir sur la carrière du "magicien de la classe ouvrière".
 
 
Créé en 1985 par Alan Moore pour la série Swamp Thing, le personnage apparait comme une énigme vivante... et britannique. Visiblement versé dans les domaines de l'occulte, John ne démontre pendant longtemps aucun véritable pouvoir magique. Il possède uniquement des connaissances bien utiles au héros et semble avoir un passé tumultueux duquel il garde des contacts dans des milieux aussi divers que la religion, la politique ou les gangs de bikers.
 
 
 
La création du personnage tient aussi au fait que Moore désirait écrire un "conseiller occulte", le type qui sait toujours quoi faire dans n'importe quelle situation et qui n'hésite pas à manipuler les gens pour parvenir à ses fins. Cela ne tomba dans l'oreille d'un sourd du côté des dessinateurs de Swamp Thing, Rick Veitch et John Totleben, pour qui c'était enfin l'occasion de réaliser quelque chose qui leur tenait à cœur depuis un moment : dessiner quelqu'un qui ressemblait à Sting !
 
Dites "Sting" et c'est la première image qui me vient à l'esprit...
 
Le personnage fit quelques apparitions aux côtés de la Créature du Marais avant de devenir la star de sa propre série : Hellblazer. Lancé en 1988, le comics perdura jusqu'en 1993 où il devint le premier titre du tout nouveau label adulte de DC : Vertigo. Cette série fut l'occasion pour le scénariste Jamie Delano d'en dévoiler plus sur le passé nébuleux de celui qui était déjà un favori dans le coeur de nombreux fans.
 
Les faits énoncés dans les paragraphes qui vont suivre concerne le VRAI John Constantine, celui de la série Vertigo. L'équipe de Fun en Bulle ne nie en rien le fait que le personnage puisse exister dans un film américain ou dans une série New 52 baptisée Justice League Dark, mais faut pas pousser non plus...
 
- Bah quoi ? Il était bien le film, non ?
- Putain, Shia... Ferme ta gueule stp !
 
Né à Liverpool en 1953 (Constantine est à ce propos, l'un des seuls personnages de comics qui vieillit "en temps réel" au fil de ses aventures et accuse environ 60 ans aujourd'hui), le jeune John connait une enfance difficile entre un père alcoolique, une mère morte en lui donnant naissance et un frère jumeau qu'il étrangla dans le ventre de sa mère. Descendants d'une lignée de magiciens connue pour savoir "rouler les Dieux", son premier acte de magie, alors qu'il n'était qu'un enfant, fut d'enfermer son innocence et sa vulnérabilité dans une boîte.
Happy birthday John !
 
Après avoir emménagé à Londres dans les années 70, un John d'une vingtaine d'années se joint à différents cercles occultes de la capitale anglaise. C'est à la même époque qu'il tombe amoureux de la musique Punk lors du concert des Sex Pistols au Roxy Club en 77. John monte son propre groupe - The Mucous Membrane - et sort l'album Venus of the Hardsell. D'ailleurs Delano s'amusera à écrire les paroles de la chanson éponyme pour Hellblazer Annual #1 et de nombreux groupes et fans la joueront à leur façon durant les années qui suivirent.
 
 
C'est lors d'une tournée avec son groupe que surviendra le drame qui mettra fin à la carrière musicale de notre antihéros. Confronté à un démon venu venger une petite fille victime d'abus de la part d'un groupe d'occultistes, John contraint ses amis à invoquer à leur tour un autre démon. Malheureusement, celui s'avère incontrôlable et s'en prend au cercle de John avant d'emmener la petite fille en enfer. Le sorcier en herbe fera alors une grave dépression qui l'amènera à l'institut Ravenscar qu'il ne quittera que peu de temps au cours des années suivantes.
 
Et il n'était pas le dernier sur la gaudriole là bas...
 
A l'aube de la quarantaine, Constantine reprend ses esprits. C'est l'époque où il rencontre Swamp Thing et vit de nombreuses aventures au cours desquelles il s'acharne à essayer de libérer l'humanité de l'influence du Paradis et de l'Enfer. Conscient que ses actes lui ont valu beaucoup d'ennemis en Enfer, il ira jusqu'à demander audience à Dieu pour réaliser son coup de maître. Il fera chanter le créateur de toutes choses : si jamais son âme se retrouve en Enfer, il n'aura aucun mal à y prendre le pouvoir et promets d'y faire de "bien vilaines choses". Le Père Eternel bien conscient que Constantine pourra mettre sa menace à exécution, lui promet sa place dans les cieux.
"Petit Jésus, je vais au Paradis sinon gare à ta face"
 
Constamment sur le fil du rasoir, cynique, fumeur, râleur et arnaqueur dans l'âme, John Constantine cumule les rôles de marionnette et de marionnettiste. Et si son plus beau tour de magie était d'avoir réussi à faire croire à tout le monde qu'il n'était qu'un personnage de comics alors qu'il est réel. Alan Moore lui-même prétend avoir rencontré deux fois sa création et comme jamais je ne me permettrais de remettre la parole de ce brave homme en question, je vous laisse sur ses bonnes paroles.
 
Non mais à quoi il cartonne ?
 
- Un jour, j'étais à Westminster, à Londres, dans un sandwich bar. C'était peu de temps après qu'on ait introduits le personnage. Tout à coup, John Constantine descendit les escaliers. Il portait son trench coat, avait les cheveux coupés courts, il ressemblait à... non, il ne ressemblait pas à Sting, il ressemblait à John Constantine. Il m'a regardé droit dans les yeux, m'a souri et m'a fait un signe de tête avant de disparaitre de l'autre côté du comptoir.
 
- Des années plus tard, dans un endroit complètement différent, il est sorti de l'ombre, s'est approché de moi et m'a murmuré "Je vais te révéler le secret de la magie : n'importe quel trou du cul peut en faire.
 
 
 


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