mercredi 8 novembre 2017

VO-Day : Last Gang in Town (Vertigo)

Définition de "punk" dans le Larousse :
"Se dit d'un mouvement musical et culturel apparu en Grande-Bretagne vers 1975 et dont les adeptes affichent divers signes extérieurs de provocation (crâne rasé avec une seule bande de cheveux teints, chaînes, épingles de nourrice portées en pendentifs, etc.) afin de caricaturer la médiocrité de la société."
Pourquoi se donner la peine de vous faire ce petit cours de vocabulaire ? Parce que Last Gang in Town est clairement un comic-book punk. Et aussi parce que la musique punk et tous les sous-genres qui lui sont affiliés font partie intégrante de ma culture musicale. Vous me connaissez, je ne rechigne jamais à marier mes passions...
L'histoire nous narre la réunion de ses protagonistes sur un toit de Shanghai pour une cérémonie bouddhiste en 2018. Cependant, c'est 30 ans plus tôt qu'elle commence réellement. Londres, 1977 : Ava, ancienne criminelle du Swinging London ayant perdu son partenaire Charlie - une copie du Michael Caine de la grande époque des Alfie et autres Ipcress File - décide de monter une équipe destinée à réaliser le larcin le plus extravagant et audacieux jamais accompli. Ce gang sera composé de l'aussi acrobatique que chanteuse punk désabusée Joey, de son colossal batteur Billy et d'Alex l'orpheline reine du forçage de serrures et coffre-forts.


Ce que Ava attend de cette brochette de criminels rebelles est simple : remettre l'art dans le crime et le crime dans l'art. D'actes de vandalisme en revendications anti-establishment, ils attendent leur plus grand coup et pénétrer à Buckingham Palace n'est que le début. ils finiront par attirer l'attention d'une Reine Elizabeth - bien plus "destroy" que ce à quoi on peut s'attendre - qui lâche à leurs basques le terrifiant Mr. Croker.


Irrévencieux et brouillon, Last Gang in Town est une mise en abime de la musique punk. L'histoire part dans tous les sens et il souvent bien difficile d'en garder le fil. Cette impression est renforcée par la mise en page qui fourmille de centaines de détails, légendes, graffitis, mouches commentatrices qui détournent l'attention du lecteur. Si on ajoute à ça les références à la culture britannique qui arrivent telles des supporters de Chelsea dans un autocar, le scénariste Simon Oliver a vraiment de la peine à nous hameçonner à son histoire, du moins dans les deux premiers épisodes de la série.


Mais qu'à cela ne tienne, car la très grande force de Last Gang in Town c'est la folie et le talent (mais les deux ne sont ils pas liés ?) de l'artiste Rufus Dayglo. Ses planches sont d'un détail exemplaire sur les personnages. J'aurais pu me perdre dans les yeux de Joey ou contempler le glamour légèrement fané d'Ava pendant des heures. Toutefois, cette précision est associée à une totale anarchie des décors (dans lesquels Dayglo a mis plus d'un détail de sa propre vie), des costumes et même d'éléments qui n'ont rien à voir avec l'histoire (mais qui a écrit toutes ces répliques sur les bords des pages ???).

Une fois, n'est pas coutume, j'en profite pour saluer le travail de Giulia Brusco à la couleur. Jamais un Londres sinistre, froid et humide n'aura été aussi chatoyant et criard.


En défintive, l'histoire intéressante bien que pas transcendante de Last Gang in Town associé à son graphisme déjanté et pétaradant me laisse avec une question qui mérite d'être posée. Est-il possible que parfois le dessin enfonce le scénario au lieu de le tirer vers les sommets ?


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