Dans la grande famille des Batman-ophiles, les gens ont du mal à se mettre d'accord entre eux quand il s'agit de désigner la meilleure histoire du Dark Knight. Certains vous parleront de The Killing Joke, d'autres de Year One. Quelques uns loueront les épisodes de Grant Morrison alors que d'autres ne jureront que par la trilogie Le Long Halloween - Amère Victoire - Silence de Jeph Loeb. Et puis il y a les autres... ceux qui vous prendront par la main et vous entraineront dans les recoins de leur collection pour sortir d'une étagère poussiéreuse les 4 volumes de Enfer Blanc.
Bien que cette dernière catégorie de gens soit composée de gens bizarres et pas franchement portés sur le ménage (mes étagères sont toujours propres et nickels), ils n'ont pas tout à fait tort. Injustement mis à l'écart depuis de trop nombreuses années par des éditeurs qui n'ont pas encore eu le bon goût de nous la ressortir, Enfer Blanc ne constitue peut être pas LA meilleure saga de l'homme chauve-souris mais reste un indispensable, ne serait-ce que pour son originalité.
Dès les premières pages, nous assistons à une scène à laquelle nous n'étions que trop peu habitués : Batman, pieds et poings liés, aux mains de ses ennemis dans les égouts de Gotham. Un flash-back nous révélera que notre héros s'est retrouvé dans cette facheuse posture alors que la ville connait une vague de meurtres sanglants au sein de la pègre et que tous les sans-abris disparaissent des rues de la cité.
Meurtres commis à l'instigation du Diacre Blackfire par une armée de laissés pour compte qu'il a rassemblé dans les souterrains de la ville. Personnage charismatique plus vieux que la ville elle-même, ce sinistre évangeliste va user des ses méthodes dignes des sectes les plus vicieuses pour briser l'esprit du caped crusader et l'enrôler dans sa croisade contre le mal et la corruption... et aussi pour prendre le contrôle de Gotham. Et il y parvient le bougre !
C'est là que le scénario de Jim Starlin nous laisse sur les fesses. Jamais nous n'avions vu un Batman aussi désespérément vulnérable. Marionnette inoffensive entre les mains de Blackfire, le héros ne parviendra à briser son conditionnement qu'en assistant au meurtre d'un innocent au cours duquel il ne fera pas le moindre geste pour sauver la victime.
Pourtant, même libéré de l'emprise de son adversaire, Batman reste fragile et pour la première fois au cours de toutes mes lectures, j'étais plus rassuré pour notre héros lorsque Robin (version Jason Todd) était à ses côtés. Traumatisé par son expérience, le justicier reste pétrifié par la peur lorsque les hordes de Blackfire s'emparent de Gotham, assassinant les responsables politiques, s'attaquant aux hommes du Commissaire Gordon et divisant l'opinion publique qui s'interroge sur l'efficacité des méthodes de l'homme d'église.
Fissurant l'habituel monolithisme de l'homme chauve-souris, Enfer Blanc bénéficie des dessins de Berni Wrightson qui pose son art sur des scènes d'hallucinations à la limite du psychédélisme morbide et dépeint des scènes de guérilla urbaine traversées par une Batmobile - Monster Truck.
Est ce pour l'image d'un Batman anéanti qu'il renvoie ? Pour la mise en avant d'un vilain aussi charismatique et mystérieux (il prétend être plus vieux que Gotham et rien dans l'histoire ne nous révèle si cela est vrai ou pas) que sous exploité dans la mythologie Gothamite (à peine deux apparitions depuis) ? Toujours est-il qu'il serait grand temps que nos amis de Urban se décide à nous ressortir cette pépite pour la faire connaitre au plus grand nombre... ou à nous expliquer pourquoi nous en sommes privés ?
Quand Batman devient un kéké de la route ! |
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