Jack Kirby… Frontière
de l’inconnu… Un maestro… Le maestro…. Tellement maestro
qu’il est étonnant qu’on n’en ait pas encore parlé ici.
Véritable architecte de l’univers des comics, le Grand Jack a été
le dessinateur derrière la création de Spider-Man, des X-Men, des
Quatre Fantastiques et de tellement d’autres qu’il me serait
quasiment impossible de tous les nommer.
Outre
sa prolixe production, Jack Kirby est un aussi un artiste inimitable.
Il suffit de voir une de ses planches pour reconnaitre le « Style
Kirby ». Des architectures démentielles, des angles
improbables, des figures géométriques imbriquées les unes dans les
autres, des personnages aux traits anguleux et aux armures
gigantesques… Kirby aimait les cités futuristes et les engins
volants aux formes si tubulaires qu’elles rendraient le Centre
Pompidou vert de jalousie.
Bien qu’il soit connu
et reconnu pour son travail fondateur chez Marvel, Kirby a aussi été
le maître d’œuvre du Fourth World chez DC. Elargissant d’un
coup toute la mythologie cosmique de l’éditeur de Batman et
Superman, Kirby a jeté Apokolips, New Genesis et leur guerre
incessante dans les cieux de ce monde et a peuplé ces deux planètes
de personnages mythiques : Orion, le Haut-Père et le terrible
Darkseid.
Au cœur de cette
cosmologie fantastique est apparu Scott Free, alias Mister Miracle.
Jeune homme originaire de New Genesis, le jeune garçon a été élevé
sur Apokolips pour devenir un soldat de Darkseid. Lobotomisé,
manipulé et embrigadé dans l’orphelinat de Mamie Gâteau, il ne
cessera de se poser des questions jusqu’à ce que sa route croise
celle de Himon, un rebelle artiste de l’évasion, et Métron, le
mystérieux observateur du 4ème monde. Libéré de ces
chaines, Scott arrive sur Terre et devient le protégé de Thaddeus
Brown, un adepte de Houdini œuvrant sous le pseudonyme de Mister
Miracle.
Pourchassé par des
gangsters, le vieux Thaddeus finira par succomber. Scott reprendra
alors son costume de scène tout en alliant son savoir et la
technologie d’Apokolips pour venger son mentor. Décidé à devenir
un artiste itinérant, le nouveau Mister Miracle aura fort à faire
quand les séides de Darkseid se lanceront à sa poursuite pour le
ramener au bercail. Heureusement, Scott sera vite rejoint par sa "petite" amie Big Barda, elle aussi fugitive d'Apokolips.
Et il faut reconnaitre
que les vilains sont hauts en couleurs : le Docteur Bedlam, les
Female Furies, le Professeur Vundabar et un Funky Flashman, escroc
portant une moumoute et caricature de Stan Lee… En effet, les deux
créateurs des plus grandes légendes de l’univers Marvel n’étaient
plus très copains dans les années 70 et Kirby avait claqué la
porte de chez Marvel avant de partir chez DC. Un petit coup de
rancune qui prêtera plus à sourire qu’autre chose… Cependant,
ces vilains semblent souffrir d’une débilité profonde tant il
s’acharne à affronter Mister Miracle – un artiste de l’évasion
– en lui proposant des pièges « dont il ne pourra pas
s’échapper ». Un peu comme si on essayait d’affronter le
plus grand détective du monde à coup d’énigmes...
Rassemblant les 12
premiers épisodes de la série Mister Miracle de 1971 (dont les
épisodes 1 à 3 ont été republiés dans Le Quatrième Monde de
Jack Kirby chez Urban Comics, nouveau détenteur des droits des
œuvres de l'auteur), le volume de Vertige Graphic nous propose les
origines de son héros, sa lutte contre ses poursuivants et son
retour sur Apokolips pour y livrer un procès par combat qui devrait
le mettre à l’abri de ses ennemis. Le seul – et gros – bémol
à adresser à l’anthologie reste néanmoins une impression en…
noir et blanc qui ne rend pas un hommage complet aux visions du King
Kirby.
Trouvable dans nombre de
bonnes bouquineries à un prix réduit (j’ai obtenu mon exemplaire
pour 5 euros), Mister Miracle – La Liberté ou la Mort constitue un
en-cas intéressant en attendant la publication par Urban Comics du
reste de cette fresque mythique et mythologique orchestrée corps et
âme par un artiste visionnaire qui a beaucoup fait pour nos héros.
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