"Quand tu verras du sperme et du sang couler sous ta porte, va pas pleurer."
Ces quelques mots que Butcher adresse aux P'tit Hughie aurait pu être affichés sur la couverture de ce Select Fusion (et des 100% et des Deluxe qui ont précédé cette troisième édition). Acheter The Boys est un risque et les âmes sensibles feraient mieux de s'abstenir tant la série nous balance à la figure une avalanche de ces deux fluides.
Tout se passe merveilleusement bien dans le meilleur des mondes pour Hughie jusqu'au jour où sa chère et tendre trouve la mort en devenant un dommage collatéral dans un combat entre le super-héros Train A est un super-vilain. La pauvre finit encastrée dans un mur et Hughie sombre dans une dépression à la limite de la catatonie jusqu'à sa rencontre avec Billy Butcher.
Ce fier représentant de la digne Albion est à la tête des P'tits Gars, un groupe d'intervention travaillant pour la CIA pour garder les contrôles des Super-Slips... et autant dire que tous les moyens sont bons : chantage, passages à tabac et même meurtres sont au programme.
Sentant du potentiel chez Hughie, Butcher l'invite à rejoindre son équipe composée de la Crème, du Français et de la Fille. Trois personnages à différents degrés de psychopathie avancée aussi sombres que leurs imperméables et plus mystérieux encore que Butcher lui-même.
Si Alan Moore a tué le mythe du super-héros en 1986 avec Watchmen, on peut dire qu'en 2006 Garth Ennis a violé le cadavre de ce mythe. Personne n'est épargné et l'auteur prend un malin plaisir à détruire toutes les icones des comics modernes. Que ce soit dans les atermoiements d'Hughie qui doute de ses actes ou dans le parcours glauquissime de Stella l'innocente super-héroïne, le monde de The Boys ne laisse plus de place pour l'héroïsme tel qu'on a pu le connaitre.
Les Sept (sa version de la Ligue de Justice) est un ramassis d'obsédés sexuels qui ne pensent qu'à l'argent que leur merchandising leur apporte. Les Jeunes Teignes (parodie des Teen Titans) sont des adeptes des partouzes transgenres. Le Tek-Paladin (mélange de Batman et Iron Man) développe une étrange compulsion l'obligeant à "niquer" tout ce qu'il approche que ce soit un coéquipier, un animal, une tasse à café ou l'oreille de son fidèle majordome...
Les dessins de Darick Robertson (Transmetropolitan, excusez du peu) sont aussi pour beaucoup à l'aura décadente de l'oeuvre. Les personnages ont tous comme un défaut, quelque chose qui cloche sans qu'on sache vraiment dire quoi. Le travail est moins lisse que dans d'autres de ses oeuvres, mais on dirait que cela est voulu... comme s'il voulait nous montrer qu'il y a quelque chose sous le vernis.
Cependant, je suis bien conscient que là où je crie au génie, d'autres vont hurler à la vulgarité facile. Est ce que être vulgaire nous empêche d'être dans le vrai ? Que je dise "testicule" ou "couille", le sens de ma phrase reste le même après tout. Pour moi, The Boys est un comics satirique... dénonçant le politiquement correct tout en restant fun.
Bien entendu, la série n'est pas à mettre entre toutes les mains... mais les habitués de Garth Ennis savent à quoi s'attendre (surtout si vous avez lu La Pro qui est ni plus ni moins qu'un prototype de The Boys). Pour les autres... et bien si vous avez lu cet article, ne venez pas pleurer quand vous trouverez du sang et du sperme dans les pages de vos comics.
Petit jeu : de ces deux lecteurs de The Boys, un seul savait à quoi s'attendre. Lequel ? |
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